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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/129

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— De la cure de Bolton, Milord, dit lady Moseley avec dignité.

— Oui, continua son mari, Votre Seigneurie, en donnant à Francis ce bénéfice, m’a fait autant de plaisir que si Francis eût été mon propre fils ; et l’y nommer sans en avoir été sollicité, Milord, c’était acquérir de nouveaux droits à notre gratitude.

Le comte paraissait embarrassé pendant ce discours, mais l’amour de la vérité l’emporta sur l’amour-propre, et il répondit :

— Sans avoir été sollicité, sir Edward, je ne doute point que si j’eusse eu l’avantage de connaître notre jeune ministre, son propre mérite n’eût obtenu sans peine ce que je n’ai accordé, je dois l’avouer, qu’aux vives sollicitations d’un homme dont la recommandation serait toute puissante auprès du roi lui-même.

Ce fut le tour de Moseley de montrer de la surprise, et sir Edward pria le comte de s’expliquer plus clairement.

— Ce fut le comte de Pendennyss, mon cousin, qui me demanda comme une faveur spéciale de nommer le jeune Francis à la cure de Bolton, et Pendennyss est un homme à qui on ne peut rien refuser.

— Lord Pendennys, s’écria vivement Mrs Wilson ! quel motif a-t-il pu avoir pour nous rendre ce service ?

— Il me fit l’honneur de venir me voir pendant mon séjour en Irlande, répondit le comte ; il me dit que l’intérêt qu’il portait au jeune ministre prenait sa source dans le désir qu’il avait d’obliger la veuve du général Wilson. Et le vieux courtisan salua respectueusement la dame à qui il parlait.

— Je suis bien reconnaissante de son souvenir, dit Mrs Wilson, s’efforçant de retenir ses larmes ; mais aurons-nous le plaisir de le voir bientôt ?

— J’ai reçu hier une lettre de lui, Madame, et il me disait qu’il serait ici la semaine prochaine ! Mais, sir Edward, ajouta-t-il en regardant Jane et Émilie, vous avez ici des récompenses au-dessus des services les plus signalés, et le comte est un grand admirateur de la beauté.

— N’est-il point marié, Milord ? demanda le baronnet avec simplicité.

— Non, baronnet, je crois même qu’il n’a jamais aimé ; mais s’il a la témérité de s’aventurer dans un voisinage si dangereux, je ne doute point qu’il ne perde bientôt sa liberté.