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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/161

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— Vos attentions pour moi, Madame, et la bonté de miss Moseley, vous donnent le droit de connaître les malheurs de l’être infortuné que votre touchant intérêt a si puissamment contribué à consoler ; cette lettre est du jeune seigneur dont vous m’avez quelquefois entendu parler, et quoiqu’elle m’afflige beaucoup, peut-être ne contient-elle rien que je ne mérite d’entendre.

— J’espère, ma jeune amie, que la personne qui vous écrit ne s’arme pas d’une sévérité déplacée pour les torts que vous avez pu avoir, et qui, j’en suis certaine, ne peuvent être que bien légers.

— Je vous remercie, Madame, de la bonne opinion que vous voulez bien avoir de moi ; mais, quoique j’aie beaucoup souffert, je dois avouer que je l’avais mérité. Vous êtes dans l’erreur, cependant, sur le chagrin que j’éprouve en ce moment ; lord Pendennyss ne peut jamais en causer à personne.

— Lord Pendennyss ! s’écria Émilie avec surprise en regardant sa tante.

— Lord Pendennyss ! répéta celle-ci d’un ton animé, il est donc aussi votre ami ?

— Oui, Madame, je dois tout à Sa Seigneurie, l’honneur, la tranquillité, et même la vie.

Les yeux de Mrs Wilson brillèrent de plaisir en découvrant encore une nouvelle preuve des vertus du jeune homme dont elle admirait depuis si longtemps le caractère, et qu’elle avait en vain souhaité de voir.

— Vous connaissez donc le comte ? demanda Mrs Fitzgerald.

— Seulement de réputation, ma chère ; mais c’en est assez pour être persuadée que celle qu’il appelle son amie ne saurait être une femme ordinaire.

La conversation continua encore quelque temps sur le même sujet, et Mrs Fitzgerald, trouvant au-dessus de ses forces d’instruire en ce moment ses amies de ses malheurs, leur promit, si elles pouvaient revenir le lendemain, de leur faire connaître tous les événements de sa vie et les obligations qu’elle avait à lord Pendennyss.

Mrs Wilson, persuadée qu’avant d’entreprendre la guérison d’une blessure il faut d’abord la sonder, accepta avec empressement la confidence de sa jeune amie, non pas dans le désir de satisfaire une vaine curiosité, mais avec la conviction que ses con-