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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/187

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fisait pour lui apprendre tout ce qu’elle désirait savoir, et fut de la main bien connue du docteur Yves : « À George Denbigh, écuyer. »

Mrs Wilson fut si atterrée par cette découverte, qu’elle pensa se trouver mal et qu’elle baissa une des glaces de sa voiture pour avoir de l’air. Elle tint longtemps ces lettres fatales dans ses mains tremblantes ; elle regardait sans voir, et une angoisse inexprimable semblait avoir suspendu l’usage de toutes ses facultés.

Dès qu’elle se trouva assez remise pour s’exposer à de nouvelles émotions, elle examina les lettres avec le plus grand soin, et les ouvrit toutes deux pour s’assurer qu’il n’y avait point d’erreur ; elle vit les dates, les mots cher George, au commencement, et la signature du docteur. Il n’y avait plus moyen de conserver le plus léger doute ; et mille circonstances se retraçant à sa mémoire, vinrent encore jeter dans son esprit une affreuse clarté.

La répugnance de Denbigh à parler de ses campagnes en Espagne, la manière dont il avait évité sir Herbert Nicholson et les remarques de ce dernier, l’éloignement qui avait toujours existé entre Egerton et lui, son absence du bal et la singularité de ses manières pendant toute la journée du lendemain, l’embarras qu’il montrait toujours dès qu’on parlait de Pendennyss, l’empressement qu’il avait mis à accepter la promenade que lui avait offerte Mrs Wilson, et celui avec lequel il l’avait quittée dès qu’il avait su qu’elle allait voir Mrs Fitzgerald, tout enfin se réunissait pour confirmer cette cruelle vérité ; et Mrs Wilson ne trouvait que trop la solution des doutes qui l’avaient si souvent tourmentée.

Les infortunes de Mrs Fitzgerald, la malheureuse issue des amours de Jane, ne semblaient rien à Mrs Wilson, auprès de la découverte du crime de Denbigh. Elle se rappelait la conduite qu’elle lui avait vu tenir en différentes occasions, et s’étonnait qu’un homme qui paraissait savoir si bien maîtriser ses passions se fût laissé emporter par elles au point d’oublier toutes les lois de l’honneur et de la vertu. Sa duplicité, son hypocrisie, prouvaient que sa démoralisation était plutôt l’effet d’un système que de la fougue de la jeunesse ; car elle, n’était pas assez faible pour chercher à dissimuler d’évidence de son crime et de son énormité.

Elle attribuait maintenant le mouvement spontané avec lequel il s’était précipité entre Émilie et la mort à un courage naturel, et peut-être jusqu’à un certain point au hasard ; mais le respect pro-