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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/195

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Peter, vos yeux sont encore jeunes : lisez-moi cela, et lisez haut.

Mrs Wilson n’était pas moins impatiente que lui de voir le contenu de ce message ; mais Peter avait beaucoup de préparatifs à faire avant que ses jeunes yeux pussent parvenir à le déchiffrer. Pendant qu’il essuyait ses lunettes, John lui prit vivement la lettre, en disant qu’il voulait lui éviter cette peine, et il lut ce qui suit :


« M. Denbigh, forcé de quitter L*** sur-le-champ, ne se sent pas le courage de faire ses adieux à son respectable ami ; il lui renouvelle les plus tendres remerciements pour l’hospitalité qu’il en a reçue, et le prie d’être son interprète auprès de son aimable famille, dont il n’oubliera jamais les bontés. Au moment de quitter l’Angleterre, il les prie de recevoir l’expression de sa reconnaissance, et du vif regret qu’il éprouve en leur disant un long adieu. »


— Un long adieu ! s’écria M. Benfield. Adieu ! Y a-t-il adieu, John ? Ici, Peter ; courez… Non, vous êtes trop vieux…, John, courez… Qu’on m’apporte mon chapeau, je veux aller moi-même au village… Quelque querelle d’amour… Emmy malade, et Denbigh parti !… Oui… oui… je veux y aller moi-même… Lady Juliana, pauvre chère âme… fut longtemps avant de pouvoir oublier… Mais, Peter… Peter avait disparu aussitôt, après la lecture de la lettre, et John se hâta de le suivre.

Sir Edward et lady Moseley ne pouvaient revenir de leur étonnement, et leurs cœurs paternels étaient pénétrés de douleur, en pensant que le bonheur d’un de leurs enfants était peut-être compromis.

Jane sentit renouveler tous ses chagrins en pensant à ceux qui attendaient sa sœur, car son imagination n’avait rien perdu de sa vivacité. Au lieu de considérer la trahison d’Egerton comme une conséquence nécessaire de son manque de principes, elle n’y voyait que la fatalité et le malheur qui s’acharnaient à la poursuivre. Comme M. Benfield, elle était en danger de se créer une idole, et de passer le reste de ses jours à adorer des perfections qui n’auraient jamais existé que dans son imagination abusée.

Le vieux gentilhomme était absorbé tout entier dans des réflexions bien différentes ; et, persuadé que la fuite du jeune homme