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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/211

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bilité ordinaire, mais elle ne put s’empêcher d’être frappée de la pâleur d’Émilie. Elle n’osa en demander la cause, et Mrs Wilson ne crut pas que la prudence lui permît de la lui expliquer. Julia remit à son amie une lettre qu’elle avait reçue la veille, et la pria de l’aider de ses conseils et de lui dire ce qu’elle devait faire.

Comme Émilie pouvait en connaître le contenu, la tante la lut devant elle :


« Ma chère nièce,

« Votre père et moi nous avions été portés à croire que vous meniez une vie scandaleuse avec l’officier aux soins duquel votre mari vous avait confiée. En effet, apprenant votre captivité, j’étais accouru à la tête d’une bande de guérillas, à l’endroit où vous aviez été délivrée le matin même, et j’y appris de quelques paysans vos infortunes et votre fuite. L’ennemi nous pressait trop pour qu’il nous fût possible alors de nous écarter de notre route ; mais les instances de votre père, et en même temps l’affection que je vous porte, m’ont engagé à faire le voyage d’Angleterre pour éclaircir nos doutes et sortir d’une anxiété aussi terrible. Je vous ai vue ; je n’ai recueilli dans les environs que les rapports les plus favorables sur votre compte ; enfin, après de longues recherches j’ai découvert l’officier en question, et je suis convaincu maintenant que votre conduite a toujours été à l’abri de tout reproche. Aussi je viens vous apporter des paroles de paix et de consolation. Consentez seulement à embrasser la foi de votre pays, et votre père est prêt à vous recevoir dans ses bras ; il vous rend toute sa tendresse, vous fait son héritière, et vous pourrez prolonger encore longtemps sa vie. Adressez-moi votre réponse par l’entremise de notre ambassadeur et croyez que si vous vous rendez à nos désirs, vous trouverez en moi le plus affectionne des oncles.

« Louis Maccarthy Harrison. »


— Sur quel point désirez-vous mon avis ? dit Mrs Wilson avec bonté, après avoir achevé la lecture de cette lettre, et quand croyez-vous voir votre oncle ?

— Dois-je accepter la proposition de mon père, ma chère dame, ou bien me faut-il vivre à jamais séparée de lui, et, peut-être par