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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/237

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regardait avec curiosité et écoutait avec intérêt leurs moindres paroles.

Deux ou trois jeunes personnes, suivies de quelques jeunes gens, vinrent joindre lady Laura et sa compagne, et la conversation devint générale. Les dames refusèrent de danser ; mais elles passèrent une heure à causer et à examiner la société qui les entourait.

— Ô William ! s’écria une des jeunes personnes, voilà votre ancien ami, le colonel Egerton.

— Mon ami ! répondit son frère en souriant d’un air dédaigneux ; heureusement il ne l’est plus.

— Il a une bien mauvaise réputation, dit le marquis d’Eltringham, et je vous conseille, William, de ne pas renouveler connaissance avec lui.

— Je vous remercie, marquis, répondit lord William ; je le connais trop maintenant pour devenir sa dupe.

Jane avait eu bien de la peine à maîtriser son émotion pendant ce peu de mots. Tandis que sir Edward et sa femme détournaient la tête par un mouvement simultané, comme accablés sous le poids des reproches qu’ils se faisaient, leurs yeux se rencontrèrent ; ils virent qu’ils reconnaissaient en même temps leur imprudence, et ils semblèrent prendre l’engagement tacite d’être moins confiants à l’avenir.

Mrs Wilson avait bien des fois gémi en silence de l’inutilité des conseils qu’elle leur avait donnés sur ce qu’elle regardait comme le devoir des parents envers leurs filles ; mais depuis que ses tristes pressentiments s’étaient réalisés, jamais elle n’avait voulu, par des reproches devenus inutiles, ajouter à leurs trop justes angoisses.

— Quand verrons-nous donc Pendennyss ? demanda le marquis ; j’espérais qu’il viendrait ici avec George. Puisqu’il nous délaisse à ce point, j’ai envie d’aller le surprendre dans le pays de Galles. Qu’en dites-vous, Derwent ?

— C’est aussi mon intention, milord, si je puis décider ma sœur à quitter sitôt les plaisirs de Bath ; Qu’en pensez-vous, Henriette ? êtes-vous disposée à vous mettre sitôt en route ? Ces mots furent accompagnés d’un sourire si malin que tous les yeux se portèrent sur celle à qui il était adressé.

— Je suis prête à vous suivre à l’instant si vous le désirez,