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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/257

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du moins à sa fille une partie de la fortune à laquelle elle l’avait sacrifiée.

John désirait profiter du reste de leur séjour à Lisbonne pour en montrer les environs à sa femme et à sa sœur. Dans une de leurs excursions, ils rencontrèrent leur compagnon de voyage, monsieur, maintenant lord Harland. Il fut enchanté de les revoir et d’apprendre leur prochain départ ; car il se préparait aussi à quitter le Portugal, où ses parents s’étaient décidés à passer encore l’hiver.

Les deux familles se virent plusieurs fois avant le jour de l’embarquement, et toujours avec un nouveau plaisir.

Lady Chatterton resta avec Catherine, pour l’aider à exécuter les plans qu’elle n’aurait pas été capable de poursuivre seule ; et elles se donnèrent toutes deux autant de peine pour rompre ce mariage qu’elles en avaient pris pour le former.

Le désœuvrement qu’on éprouve à bord d’un vaisseau établit des relations plus intimes entre ceux qui, dans d’autres moments, se seraient peut-être bientôt perdus de vue. On sent plus le besoin de faire des frais pour paraître aimable et diminuer ainsi l’ennui de la traversée ; et de cette intimité, d’abord presque forcée, naît souvent le désir de se revoir, et bientôt après un attachement qui, pour avoir une cause légère, n’en devient pas moins sérieux.

Lord Harland en offrit une nouvelle preuve. Il s’était embarqué sur le même vaisseau que ses nouveaux amis. À peine était-on en mer qu’il devint passionnément amoureux, et Jane goûtait un plaisir d’autant plus pur qu’elle n’avait pas encore cherché à se rendre compte des sentiments qu’elle avait fait naître. L’amour n’était pas entré un seul instant dans ses pensées ; mais il est si doux d’inspirer l’intérêt lorsqu’on éprouve un vide cruel ! les compliments, les propos flatteurs, sont un baume si agréable lorsque l’âme est ulcérée, que Jane écoutait avec un plaisir infini le jeune ministre, qui ne laissait échapper aucune occasion de lui adresser la parole.

Cependant la conversation d’Harland roulait quelquefois sur des sujets plus graves et plus sérieux, et Grace alors ne l’écoutait pas avec moins d’attention que sa sœur. C’est un fait digne de remarque que les femmes se sentent plus portées aux sentiments religieux immédiatement après leur mariage qu’à toute autre époque de leur vie. Grace éprouvait cette influence salutaire de l’union