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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/276

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« Il est décidé que nous allons retourner dans le Westmoreland ; et la semaine prochaine les Moseley reprendront la route du Northampton. Je ne sais pas quand je pourrai aller vous voir, mais je crois que je puis sans danger vous engager à venir à Denbigh-Castle, ce que je n’aurais pas osé faire il y a un mois. Mes amitiés au comte, et croyez à l’inaltérable attachement de votre affectionnée

« Henriette Denbigh. »

P. S. « J’oubliais de vous dire que Mrs Moseley, sœur de lord Chatterton, est partie pour le Portugal ; et que ce dernier doit nous accompagner à la campagne. »


Après quelques moments de silence, la jolie comtesse dit avec un sourire malin :

— Je crois qu’avant peu Henriette sera l’épouse d’un noble pair.

— Je le souhaite pour son bonheur, dit Pendennyss.

— Connaissez-vous lord Chatterton ?

— Oui, ma chère sœur, c’est un seigneur fort aimable, et ses manières un peu sentimentales contrastent admirablement avec la gaieté folâtre d’Henriette.

— Vous pensez donc que nous aimons nos contrastes ? lui répondit-elle en souriant ; je ne partage pas votre opinion, je vous en avertis ; ainsi donc, Pendennyss, ajouta-t-elle en lui tendant affectueusement la main, il faut que vous me donniez pour sœur une personne qui vous ressemble…, autant qu’il est possible de vous ressembler.

— Si vous voulez diriger mon choix, me sera-t-il permis à mon tour de guider le vôtre ? J’ai envie de vous faire le portrait de celui que vous devez choisir pour votre seigneur et maître, si toutefois ce choix n’est pas déjà fait.

La jeune comtesse devint toute rouge, et, paraissant désirer changer de conversation, elle prit deux ou trois lettres cachetées qui restaient encore sur la table, en lut les adresses, et s’écria vivement :

— En voici une de dona Julia. Le comte rompit aussitôt le cachet, et lut la lettre à haute voix. Il n’y avait pas de secrets entre eux sur ce qui concernait leur amie mutuelle.