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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/34

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prenait que son absence durerait probablement un mois, mais qui, du reste, ne jetait aucun jour sur ce mystère.

Cependant on fut quelques jours après, sur les journaux de Londres, ce peu de mots, qui semblaient ne pouvoir se rapporter qu’à l’ami du docteur Yves :

« Est mort subitement à B***, le 10 du courant, George Denbigh, écuyer, à l’âge de soixante-trois ans. »



CHAPITRE VI.


L’âge d’aimer n’est pas celui de l’expérience. Que l’œil de la mère préside au choix de la fille. Ce n’est pas le plus aimable qui aime le mieux.
Prior.


La visite faite par les Moseley aux Jarvis leur avait été rendue ; et le lendemain même du jour où le paragraphe relatif à la mort de George Denbigh parut dans les journaux, toute la famille des Jarvis fut invitée à dîner à Moseley-Hall.

Le colonel Egerton, dont le pied était complètement guéri, avait été compris dans l’invitation. Quoiqu’il n’eût vu encore M. Benfield qu’une ou deux fois, il semblait régner entre eux une sorte d’antipathie qui augmentait plutôt qu’elle ne diminuait, et qui se manifestait de la part du vieillard par un air froid et composé qu’il prenait dès qu’il apercevait le colonel, tandis que celui-ci se bornait seulement à éviter, mais sans affectation, de se placer à côté de lui.

Sir Edward et lady Moseley, au contraire, trouvaient le colonel fort aimable, et cherchaient toutes les occasions de lui montrer l’impression favorable qu’il avait faite sur leur esprit. Lady Moseley, en particulier, qui s’était assurée, à sa grande satisfaction, que c’était bien l’héritier du titre et très-probablement de la fortune de son oncle sir Edgar Egerton, se sentait très-disposée à entretenir une connaissance qu’elle trouvait agréable, et qui pouvait même devenir utile.

Quant au capitaine Jarvis, dont la familiarité grossière lui déplaisait souverainement, elle ne le supportait que pour ne pas