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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/355

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— Je crains, Milord, dit le docteur avec malice, que cet accueil ne soit bien peu favorable, en comparaison de vos mérites ; mais ce sera du moins une douce compensation pour vous d’entendre les éloges que Mrs Wilson ne manque jamais à faire du comte de Pendennyss.

— C’est l’effet d’une partialité bien flatteuse sans doute, reprit le comte avec tristesse, ses pensées se reportant sur l’ami généreux qu’il avait perdu ; mais je m’étonne que vous ne l’ayez jamais tirée d’erreur, et que vous ne lui ayez pas appris dès le principe…

— Mais elle ne m’en a jamais fourni l’occasion. On ne sait pas ici que j’ai été chapelain chez M. votre père ; on croit, du moins je le présume, que je desservais une petite cure dans le pays de Galles. Les relations que j’ai eues avec votre famille se rattachent aux plus doux moments de ma vie, ajouta M. Yves en regardant tendrement son épouse ; il y aurait eu une sorte d’orgueil à les rappeler, et quoique le souvenir m’en fût toujours cher, jamais je n’y ai fait allusion dans la société. Mrs Wilson n’a parlé de vous que deux fois en ma présence, et cela depuis qu’elle a su votre retour en Angleterre, et qu’elle a conçu l’espoir de faire votre connaissance. Votre nom lui a sans doute rappelé le souvenir de son mari,

— La mémoire du général me sera toujours chère. Que de droits n’a-t-il pas acquis à ma reconnaissance ! s’écria le comte avec chaleur. Mais, docteur, n’oubliez pas mon incognito ; appelez-moi seulement George, je ne vous en demande pas davantage.

Le plan de Pendennyss fut mis à exécution. Il ne devait d’abord rester que quelques jours dans le Northampton ; mais il se plaisait trop dans la famille de sir Edward pour pouvoir se décider à s’en éloigner.

L’embarras qu’il manifestait souvent provenait de la crainte d’être découvert. Peu s’en fallut que sir Herbert Nicholson ne fît échouer tous ses projets. Il avait surtout intérêt à ne voir ni Mrs Fitzgerald ni lord Henry Stapleton ; car, ayant été aussi loin, il était décidé à soutenir jusqu’au bout son personnage.

Il pensait qu’Egerton pouvait le connaître, et il n’aimait ni son ton ni ses manières.

Dans le moment où Chatterton s’était passionné pour Émilie, plein de franchise et de candeur, il s’était empressé d’instruire le comte de ses sentiments et de la position où il se trouvait. Pen-