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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/358

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désirait et n’osait y monter avec elles, lorsque Mrs Wilson, voyant son embarras, lui dit : — J’espère, Milord, que vous soupez avec nous.

— Mille remerciements, chère Mrs Wilson, s’écria-t-il en s’élançant dans la voiture qui partit aussitôt.

— Après l’explication de ce matin, Milord, dit Mrs Wilson, voulant écarter tous les doutes qui auraient pu rester encore dans l’esprit d’Émilie, et charmée peut-être de satisfaire sa propre curiosité, il serait inutile de vous cacher notre désir de connaître quelques circonstances qui nous paraissent inexplicables. Comment votre portefeuille se trouva-t-il donc chez Mrs Fitzgerald ?

— Chez Mrs Fitzgerald ! s’écria le comte étonné ; je le perdis dans un des salons de Benfield-Loge ; votre air sévère et le cruel refus d’Émilie me firent supposer qu’il était tombé entre vos mains, et qu’il avait trahi mon véritable nom : me serais-je trompé ?

Mrs Wilson lui expliqua alors pour la première fois les véritables motifs qu’Émilie avait cru avoir pour refuser sa main, et elle lui raconta comment son portefeuille avait été trouvé par Mrs Fitzgerald.

Le comte ne pouvait revenir de sa surprise, et, après avoir réfléchi quelques instants, il s’écria : — Je me rappelle l’avoir tiré de ma poche pour montrer au colonel Egerton quelques plantes assez rares que j’avais recueillies ; je croyais l’avoir posé sur une table qui était près de nous, et quelques instants après, m’apercevant que je l’avais perdu, je retournai à l’endroit où je pensais l’avoir laissé, mais il n’y était plus : une case de ce portefeuille contenait quelques lettres que Marianne m’avait adressées sous mon véritable nom, et je dus croire que vous les aviez vues.

Mrs Wilson et Émilie furent frappées en même temps de l’idée qu’Egerton était le perfide qui leur avait causé, ainsi qu’à Mrs Fitzgerald, tant de chagrins et d’inquiétudes, et elles firent part au comte de leurs soupçons.

— Rien de plus probable ! s’écria-t-il, frappé du même trait de lumière ; de là sans doute l’inquiétude qui se peignit dans ses regards la première fois qu’il me vit, et la répugnance évidente qu’il éprouvait à se rencontrer avec moi. Quoique la voiture dans laquelle il se trouvait l’ait caché à mes yeux, il doit nécessairement m’avoir vu, lorsque j’eus le bonheur de délivrer sa victime.