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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/365

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doutais bien, d’après quelques mots que vous aviez essayé de me répéter, que vous aviez fait quelque erreur. Mais que cela ne vous chagrine pas, mon bon ami, car je connais plusieurs membres du parlement de ce royaume qui ne savent point parler le grec, du moins couramment. Ainsi un serviteur ne doit point rougir de ne pas l’entendre.

Un peu consolé de savoir qu’il était à peu près aussi avancé que les représentants de son pays, Peter retournait à son poste ordinaire, lorsque le fracas des voitures annonça que l’opéra était fini. Le comte prit congé de ses amis, et la famille se sépara.

Dès qu’Émilie se trouva seule, elle se mit à genoux, et l’encens d’un cœur innocent et pur s’élevait vers celui qui lui rendait le bonheur. Aucun nuage ne venait troubler sa félicité ; l’amour, l’estime et la reconnaissance, se réunissaient pour la rendre heureuse.

Le lendemain matin de bonne heure, le comte et lady Marianne arrivèrent chez sir Edward. Toute la famille les reçut avec autant de cordialité que de plaisir, et ils oublièrent, en se trouvant ensemble, l’étiquette inutile du grand monde.

Dès le premier moment, Émilie s’était sentie entraînée vers lady Marianne, et ce sentiment provenait sans doute de celui qu’elle avait pour son frère ; mais dès qu’elle put apprécier le caractère doux, aimant et sensible, de celle qui allait devenir sa sœur, elle l’aima pour elle-même et bien tendrement.

Les appartements où recevait lady Moseley se composaient de plusieurs salons magnifiques qui se communiquaient. Le désir d’en visiter le superbe ameublement, ou toute autre raison aussi importante, engagea le comte à entrer dans celui qui touchait au parloir, où la famille était rassemblée.

Nous ne doutons pas non plus que ce ne fût la crainte de se perdre dans une maison qu’il ne connaissait pas, qui força Pendennyss à demander tout bas à Émilie de vouloir bien l’y accompagner. Elle le conduisit en rougissant, et John dit à Grace avec un sourire malin : — Que Pendennyss va s’amuser à admirer les tentures et les ameublements choisis par notre mère !

À peine avait-on eu le temps de s’apercevoir de leur absence, que le comte reparut d’un air rayonnant, et pria lady Moseley et Mrs Wilson de le suivre. Un instant après sir Edward les joignit aussi, ensuite Jane, puis Grace et Marianne ; enfin John commença