Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il était au château de lord Bolton, son parent. Mais, ajouta-t-elle en regardant sa nièce d’un air pensif, j’espère que nous le rencontrerons à Londres cet hiver. Comme elle finissait de parler, un nuage de tristesse se répandit sur ses traits, et tous les efforts d’Émilie pendant le reste de la promenade furent impuissants pour le dissiper.

Le général Wilson avait été officier de cavalerie, et commandé le même régiment dont lord Pendennys était maintenant colonel. Pendant une escarmouche, le général, entouré de tous les côtés, avait été délivré par la valeur du jeune comte, qui servait alors sous ses ordres, et qui, suivi de quelques braves que son exemple électrisait, parvint, au péril de sa vie, à sauver son général. Depuis ce jour, l’amitié la plus tendre unit ce dernier à son libérateur, et dans sa correspondance avec sa femme il ne cessait de lui parler des excellentes qualités du comte, de sa bravoure, et de son humanité pour le soldat. Lorsque le général trouva la mort sur le champ de bataille, il en reçut de prompts mais d’inutiles secours, et il rendit le dernier soupir entre les bras de son jeune ami.

Le comte s’acquitta du pénible devoir d’annoncer à Mrs Wilson la perte qu’elle avait faite ; et sa lettre peignait si bien la tendresse et le respect qu’il avait pour l’époux qu’elle pleurait, que dès ce jour elle sentit pour lui une sorte d’affection sympathique.

Malgré toute sa raison, l’intérêt que lui inspirait le jeune comte et le bien qu’elle en entendait dire tous les jours lui faisaient naître souvent l’idée romanesque qu’il verrait sa chère Émilie, qu’il l’aimerait, et qu’elle aurait la consolation de former cette union.

Tous les renseignements qu’elle avait pris sur ses principes et son caractère avaient outrepassé ses espérances ; mais le service ou ses affaires personnelles n’avaient point encore permis au comte de rendre visite à la veuve de son ancien ami, et celle-ci attendait avec impatience que ce que John appelait en plaisantant leur campagne d’hiver lui fournît l’occasion si désirée de voir l’homme à qui elle devait tant, et dont l’image était associée aux plus chers quoique aux plus douloureux souvenirs de sa vie.

Le colonel Egerton, qui venait alors très-familièrement au château, arriva à l’heure du dîner, à la satisfaction de la douai-