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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/96

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— Miss Chatterton serait-elle malade ? demanda John avec intérêt.

— Non, non, répondit Grace doucement ; j’avais un léger mal de tête, mais je me trouve beaucoup mieux.

— C’est faute d’air et d’exercice. Mon phaéton est à la porte ; on y tient trois à l’aise. Courez, Émilie, allez chercher vos chapeaux, nous allons faire une promenade délicieuse ; et tout en parlant, il poussait presque sa sœur hors de la chambre. Quelques minutes après ils partirent. John était au comble de la joie, il n’y avait pas là de mère dont la présence vint corrompre son bonheur.

À deux milles du presbytère ils prirent une avenue assez étroite, dont un cabriolet, qui était arrêté, tenait le milieu. — Peste soit du cabriolet ! s’écria John avec impatience, il devrait bien au moins se mettre sur le côté.

Près du cabriolet se trouvait un petit groupe composé d’un homme, d’une femme, et de plusieurs enfants. Un jeune homme, descendu de la voiture, paraissait leur parler, et il n’entendit pas le bruit du phaéton, dont les chevaux avaient pris le galop.

— John, s’écria Émilie avec terreur, vous ne pourrez jamais passer là… Vous allez nous verser !

— Ne craignez rien, chère Grace, répondit le frère en tâchant de retenir ses chevaux ; il y réussit en partie, mais pas assez tôt pour empêcher qu’une des roues n’allât frapper rudement une des bornes qui bordaient l’avenue. Le jeune homme qui parlait aux paysans accourut à leur secours, c’était Denbigh.

— Miss Moseley ! s’écria-t-il du ton de l’intérêt le plus tendre ; j’espère que vous n’êtes pas blessée ?

— Non, répondit Émilie toute tremblante, mais j’ai eu bien peur ; et acceptant la main qu’il lui offrait, elle sauta légèrement hors du phaéton.

Grace eut assez de patience pour attendre que John pût l’aider à en sortir. Les mots : chère Grace ! résonnaient encore délicieusement à son oreille ; ils avaient donné du courage à la jeune fille la plus timide, et plus d’une fois ensuite elle plaisanta doucement Émilie sur la frayeur qu’elle avait montrée. Les chevaux n’étaient pas blessés, les harnais seuls avaient souffert, et, après les avoir raccommodés le mieux possible, John engagea sa sœur à remonter dans le phaéton. Mais Émilie n’était pas encore re-