Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/116

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un homme à qui je dois la vie ; et toi, tu as eu raison de me répondre comme tu l’as fait. Il y a un compte un peu lourd à régler entre nous, et il faut que j’essaie de rétablir la balance qui penche si fortement en ta faveur ; mais nous ne pourrons terminer cette affaire que lorsque nous serons à Gênes.

Le signor Grimaldi avait avancé un bras tandis qu’il parlait, et il reçut une bourse bien garnie de son compagnon Marcelli. Elle fut bientôt vidée de son contenu, de bons et beaux sequins, qui furent tous offerts au marin. Maso regarda froidement cette masse d’or, et par son hésitation donna lieu de penser qu’il ne trouvait pas la récompense suffisante.

— Je te dis que ce n’est que la première partie du paiement. À Gênes, cette affaire sera terminée d’une autre manière ; mais c’est là tout ce qu’un voyageur peut prudemment donner. Tu viendras me voir dans notre patrie commune, et je ferai pour toi tout ce qu’exigeront tes intérêts.

— Signore, vous m’offrez une chose pour laquelle les hommes font tout, le bien comme le mal. Ils perdent leur âme pour de l’or, se moquent des lois de Dieu, jouent avec la justice des hommes, deviennent enfin des diables incarnés ; et cependant, quoique je sois presque sans le sou, je me trouve placé de manière à être forcé de refuser votre offre.

— Je te dis, Maso, que cette somme sera augmentée plus tard ; ou plutôt nous ne sommes pas assez pauvres pour redouter d’emprunter ! Bon Marcelli, vide tes poches, et j’aurai recours à la bourse de Melchior de Willading pour nos autres besoins.

— Et Melchior de Willading doit-il compter pour rien dans tout cela ? s’écria le baron. Ramasse ton or, Gaëtano, et laisse-moi maintenant m’arranger avec ce brave marin. Plus tard, il ira te trouver en Italie ; mais ici, sur le sol de mon pays, je réclame le droit d’être son banquier.

— Signore, répondit Maso vivement et avec plus de douceur qu’il n’en montrait ordinairement, vous êtes tous les deux libéraux au-delà de mes désirs, et trop bien disposés pour mes faibles besoins. Je suis venu au château pour obéir à vos ordres, mais non dans l’espoir d’attraper de l’argent. Je suis pauvre, il serait inutile de le nier, les apparences sont contre moi (à ce moment Maso se mit à rire d’une manière un peu forcée, suivant l’opinion de ses auditeurs) ; mais la pauvreté et la bassesse ne sont pas toujours inséparables. Vous avez soupçonné aujourd’hui, avec