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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/313

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si cruellement insultée, avaient aussi un grand poids sur un esprit si résolu et si droit. Se plaçant au milieu du sentier, il attendit l’arrivée de ces trois hommes, tandis que le moine se tenait paisiblement à ses côtés. Lorsque les voyageurs furent à la portée de la voix, le jeune homme découvrit que les compagnons d’Il Maledetto, étaient Pippo et Conrad. Il les avait rencontrés assez souvent pour les reconnaître à la première vue. Sigismond commença à penser que l’entreprise dans laquelle il s’était embarqué était plus grave qu’il ne l’avait d’abord imaginé, s’il y avait une disposition à la résistance : il était seul contre trois.

Buon giorno, signor capitano, s’écria Maso en ôtant son bonnet, lorsqu’il fut suffisamment près du jeune soldat ; nous nous sommes souvent rencontrés par tous les temps, le jour, la nuit, sur la terre et sur l’eau, dans la vallée et dans la montagne, dans les villes et sur le roc décharné, suivant les souhaits de la Providence ; comme on se connaît à l’usage, nous nous connaîtrons avec le temps.

— Tu as raison, Maso, quoique je craigne que tu ne sois plus facile à rencontrer qu’à comprendre.

— Signore, je suis un être amphibie, comme Neptune, appartenant moitié à la terre, moitié à la mer, et comme disent les savants, je ne suis pas encore classé. Nous sommes récompensés d’une vilaine nuit par un bien beau jour, et nous descendrons en Italie d’une manière plus agréable que nous ne sommes montés ici. Ordonnerai-je à l’honnête Giacomo d’Aoste de préparer le souper et de faire les lits pour la noble compagnie qui nous suit ? Vous aurez à peine le temps de gagner son hôtellerie, avant que vos jeunes et belles compagnes aient besoin de repos.

— Maso, je croyais que tu étais avec notre société lorsque j’ai quitté le refuge ce matin ?

— Par saint Thomas ! Signore, j’avais la même pensée relativement à vous !

— Il paraît que tu as été de bonne heure sur pied, ou tu ne m’aurais pas précédé depuis si longtemps ?

— Écoutez, brave Signore, car je sais que vous êtes brave et que vous êtes un nageur presque aussi déterminé que Neptune. Je suis voyageur, le temps m’est précieux, c’est ma plus grande richesse. Nous autres animaux marins, nous sommes tantôt riches, tantôt pauvres, comme le vent souffle, et depuis quelque temps j’ai été ballotté par les mauvais vents et les vagues agitées. Pour