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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/346

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qu’il fréquente par la nécessité et par les mortifications auxquelles doit se soumettre celui qui entreprend un pèlerinage. Ils quittèrent ensemble le canton de Vaud dans la soirée des fêtes de l’Abbaye ; et depuis ce moment jusqu’à celui de leur arrivée au couvent, ils avaient continuellement marché pour traverser la montagne avant que les neiges leur rendissent le passage dangereux. On les avait vus à Martigny, à Liddes et à Saint-Pierre, à des heures convenables, marchant avec zèle vers le couvent, et quoique nécessairement, plusieurs heures après avoir quitté ce dernier lieu, leurs actions n’eussent été observées que par l’œil de celui qui voit dans les profondeurs des Alpes comme dans les lieux les plus fréquentés, leur arrivée chez les moines avait été assez prompte pour donner lieu de croire qu’ils n’avaient point perdu de temps sur la route. Les détails qu’ils donnaient d’eux-mêmes étaient donc exacts et positifs, tandis que d’un autre côté, le seul soupçon qui s’élevait sur leur compte provenait de ce qu’ils s’étaient trouvés sur la montagne au moment où le crime avait été commis. »

— L’innocence de ces deux hommes me semble si claire, et leur promptitude à répondre à nos questions est tellement en leur faveur, observa le châtelain, que je ne crois pas juste de les retenir plus longtemps. Le pèlerin en particulier a une tâche à remplir ; j’ai entendu dire qu’il voyage pour d’autres aussi bien que pour lui-même, et il ne nous convient pas, à nous qui sommes de fidèles serviteurs de l’Église, de placer des obstacles sur sa route. Je serais donc d’avis de le laisser partir.

— Comme nous sommes près du terme de cet interrogatoire, interrompit gravement le signor Grimaldi, je crois qu’il vaudrait mieux retenir tous ceux qui sont ici, jusqu’à ce que nous sachions à quoi nous en tenir sur la vérité.

Pippo et le pèlerin déclarèrent promptement qu’ils étaient prêts à rester au couvent jusqu’à la matinée suivante. Cette petite concession néanmoins n’avait pas grand mérite, car l’heure avancée rendait imprudent un départ immédiat ; on leur ordonna de se retirer, en les avertissant qu’à moins d’une nouvelle défense ils pourraient partir à la naissance du jour. Maso fut appelé : il était le dernier à interroger.

Il Maledetto se présenta avec un calme parfait. Il était accompagné de Neptune, les chiens du couvent ayant été enfermés pour la nuit. Depuis quelques jours Neptune s’était habitué à errer