Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux de la loi. Aussi, dans les affaires qui exigent deux témoins, comme dans les contrats relatifs aux immeubles, il suffit de deux Monikins mâles tandis qu’il faudrait quatre signataires femelles pour valider l’acte. J’entends donc que dans le sens légal le docteur Reasono n’est accompagné que de deux Monikins.

Le capitaine fit remarquer que cette disposition des lois de Leaphigh était fort sage, car il avait souvent eu occasion de remarquer que les femmes ne savaient les trois quarts du temps ce qu’elles faisaient, et il pensait qu’en général elles ont besoin de plus de lois que les hommes.

— Il n’y aurait rien à répliquer à cette réponse, Milord, répondis-je, si le protocole n’était qu’un document monikin, et cette réunion qu’une assemblée monikine. Mais il est notoire que tel n’est point l’état des choses. Le document est rédigé dans une langue qui sert de véhicule de la pensée aux peuples instruits, et je m’empresse de saisir l’occasion d’ajouter que je ne me rappelle pas avoir jamais lu un meilleur morceau de latinité moderne.

— Il est incontestable, sir John, reprit lord Chatterino en remuant la queue pour me remercier du compliment, que le protocole même est dans une langue qui est tombée dans le domaine commun ; mais le simple organe de la pensée est de peu d’importance en de telles occasions, pourvu qu’il soit neutre en ce qui touche les parties contractantes. De plus, l’article 11 contient la stipulation qu’on ne pourra tirer aucune conclusion légale de l’emploi de la langue latine, stipulation qui laisse les parties contractantes en possession de leurs droits originaires. Et maintenant, puisque la conférence doit être une conférence monikine, dirigée par un philosophe monikin sur un terrain tout monikin, je demande en toute humilité s’il ne serait point convenable de la régler généralement d’après les principes monikins.

— Si par terrain monikin il faut entendre la terre monikine (ce que j’ai le droit de conclure, le propre devant s’appliquer là où s’applique le figuré), je demande la permission de rappeler à Votre Seigneurie que les parties sont, en ce moment, dans un pays neutre, et que si l’on peut prétendre d’un côté à une juridiction territoriale, ou à un droit de pavillon, c’est certainement du côté de la race humaine, puisque le locataire de cet appartement est un homme, en possession du locus in quo, et pro hâc vice est le suzerain.