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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/128

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— Incontestablement, c’est là une philosophie bien utile. Il n’est point d’intérêts qui exigent plus de philosophie que ceux qui se rattachent à la politique. — En résumé, notre philosophie est naturelle, morale et politique, en réservant la plupart de nos propositions, de nos démonstrations et de nos corollaires pour une époque où nous aurons plus de loisir, et où mes auditeurs seront plus avancés. En me renfermant dans ces sages limites, je vais parler d’abord seulement de la nature.

Nature est un terme dont nous nous servons pour exprimer le principe qui pénètre et régit toutes les créatures animées. On l’emploie à la fois et comme terme générique et comme terme particulier : désignant dans le premier sens les éléments et les combinaisons de la toute-puissance, appliqués à la matière en général ; et dans le second, leurs subdivisions particulières, en rapport avec la matière considérée dans ses variétés infinies ; on la subdivise encore, d’après ses attributs, en physique et morale ; et à ces subdivisions s’appliquent aussi les deux grandes distinctions dont nous venons de parler. Ainsi, quand nous parlons de la nature abstraite, dans le sens physique, nous faisons allusion à ces lois générales, uniformes, absolues, constantes et sublimes, qui règlent et rendent harmonieuses, comme un grand corps, les actions, les affinités et les destinées de l’univers : et, quand nous parlons de la nature dans le sens particulier, nous entendons parler de la nature d’une pierre, d’un arbre, de l’eau, du feu, de l’air et de la terre. De même, en parlant de la nature morale, d’une manière abstraite, nous dépeignons le vice, ses faiblesses, ses attraits et sa laideur ; en un mot, son ensemble ; tandis que, d’une autre part, quand nous employons ce terme dans le même sens, par rapport à un objet particulier, nous en bornons la signification à l’absence des qualités naturelles que nous remarquons dans cet objet déterminé. Éclaircissons ces développements au moyen de quelques brefs exemples.

Quand nous disons : Ô nature ! que tu es glorieuse, sublime, féconde en leçons ! nous entendons dire que ses lois émanent d’un pouvoir, d’une intelligence et d’une perfection infinies. — Et quand ! nous disons : Ô nature ! que tu es fragile, vaine et imparfaite ! nous entendons dire qu’elle n’est après tout qu’une personne secondaire, inférieure à celle qui lui a donné l’existence dans un but défini, limité, et évidemment utile. Dans ces