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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/187

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L’officier me dit alors que tout ce que nous avions à faire était de nous peindre de quelque couleur, ou de goudron, comme bon nous semblerait, recommandant particulièrement la dernière manière pour l’Équipage, sans nous donner d’autre peine que de marquer le numéro ; il ajouta que si quelques gendarmes, quand nous serions à terre, nous demandaient pourquoi nos personnes ne portaient pas le timbre légal, nous n’aurions besoin que de leur montrer le certificat ; et que si cela ne suffisait pas, nous connaissions le monde, et nous n’ignorions pas une proposition de philosophie aussi simple que celle qui dit que « les mêmes causes produisent les mêmes effets. » Il présumait bien que je ne m’étais pas exagéré son mérite au point de faire mettre dans sa barque toutes mes noisettes. J’avoue que je ne fus pas fâché d’entendre l’officier parler ainsi, car son discours me prouvait que notre séjour à Leaphigh nous causerait moins d’embarras que je ne le craignais, et je vis alors bien clairement que les Monikins agissaient d’après des principes qui ne différaient pas essentiellement de ceux de la race humaine en général.

L’officier complaisant et son compagnon se retirèrent, et nous procédâmes à notre numérotage suivant son avis. Comme le principe était convenu, l’application n’en fut pas difficile. Noé, Bob, le plus grand des matelots et moi, nous prîmes chacun le n° 1, et les autres se numérotèrent ensuite par rang de taille. La nuit tombait quand cette opération fut terminée. Les barques de garde commencèrent à paraître sur la mer, et nous remîmes notre débarquement au lendemain matin.

Tout l’équipage fut debout au point du jour ; il avait été arrangé que le capitaine et moi, accompagnés de Bob, pour nous servir de domestique, nous débarquerions pour faire un voyage dans l’île ; que les deux enseignes et l’équipage resteraient pour garder le navire, avec la permission d’aller à terre à tour de rôle, comme c’est l’usage des marins quand ils sont dans un port. Il y eut beaucoup de besogne préliminaire pour se laver, se raser, etc., avant que tout notre monde pût se montrer sur le pont convenablement équipé. Le capitaine portait un costume de toile légère, peint de manière à lui donner l’extérieur d’un lion de mer, costume qui lui plaisait beaucoup, parce qu’il était frais et léger, et particulièrement convenable, dit-il, à un climat à vapeur. Je fus d’accord avec le digne marin, car il y avait fort peu de différence