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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/220

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drez que c’est une base assez solide pour soutenir tout l’univers. Comme peuple, nous sommes un essaim sorti autrefois de la ruche de Leaphigh ; et, nous trouvant libres et indépendants, nous avons construit notre système social non seulement sur des fondements sûrs, mais sur des principes inaltérables. Ayant remarqué que la nature agissait par duplicata, nous suivîmes cette idée comme étant celle qui devait conduire à…

— Par duplicata, commodore ?

— Certainement, sir John. — Un Monikin a deux yeux, deux oreilles, deux narines, deux bras, deux mains, deux jambes, deux pieds, et ainsi du reste, jusqu’à la fin du chapitre. D’après ce fait, nous ordonnâmes qu’on traçât moralement, dans chaque district, de Leaplow, deux lignes qui se coupassent à angle droit, — on appelle ces deux lignes les grands points de reconnaissance politique du pays, — et l’on attendit de tout citoyen qu’il se rangeât sur l’une ou sur l’autre. — Vous entendez pourtant que tout cela est un arrangement moral, et non physique,

— Et chacun est-il obligé de se soumettre à cet arrangement moral ?

— Non pas légalement, à la vérité ; mais celui qui ne le respecte pas est comme celui qui ne suit pas la mode, et on le regarde si généralement comme un pauvre diable, que l’usage a beaucoup plus de force que n’en aurait une loi. On avait d’abord eu dessein d’en faire un des articles de la constitution ; mais un de nos hommes d’état les plus expérimentés démontra si clairement qu’agir ainsi ce serait non seulement affaiblir la nature de l’obligation, mais très-probablement faire naître un parti contraire, que cette idée fut abandonnée. Dans le fait, la lettre et l’esprit de la loi fondamentale militent tant soit peu contre cette pratique, mais on a su l’introduire avec adresse, et c’est maintenant l’os de nos os et la chair de notre chair. Eh bien ! Monsieur, ces deux grandes lignes politiques une fois bien tracées, le premier effort que doit faire celui qui aspire à être regardé comme patriote, est d’acquérir la pratique d’y appuyer le pied avec promptitude et facilité. — Mais si je vous expliquais mes positions par une démonstration pratique, vous les comprendriez probablement mieux ; car quoique, dans le fait, les évolutions soient purement morales, comme je viens d’avoir l’honneur de vous le dire, cependant nous avons établi une pratique physique qui y est analogue,