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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/330

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est-il resté ? Il n’interrogerait pas miss Poke elle-même, par une raison facile à deviner, — mais il demanderait à quelques-uns de ses voisins comment ils la trouvent à présent ? Laissant le genre féminin, il considère la nature en général. Souvent il a remarqué que l’eau de la mer était bleue ; et il lui est arrivée plus d’une fois d’en faire jeter des seaux sur le pont, afin d’essayer s’il ne pourrait pas recueillir un peu de cette matière bleuâtre ; — car l’indigo est rare et cher dans cette portion du monde ; — mais l’expérience n’avait jamais produit aucun résultat. Tout bien considéré, il concluait que ce quelque chose qu’on nomme couleur n’existe pas.

Quant à la résolution soumise à la chambre, elle reposait entièrement sur le sens des paroles. À présent, qu’est-ce après tout qu’une parole ? Celles de quelques gens sont bonnes, et celles de beaucoup d’autres ne valent rien. Pour sa part, il aimait les instruments à l’usage des marins, — peut-être parce qu’il était marin lui-même ; — mais, pour de simples paroles, il n’en faisait que fort peu de cas. Il avait une fois reçu la parole d’un homme pour gage, et l’affaire s’était terminée par la perte de l’argent. Mille, autres exemples lui avaient prouvé la nullité des paroles, et il ignorait par quel motif quelques gentlemen désiraient leur donner ici tant d’importance ; pour sa part il ne soufflerait rien, — non pas même un mot ou une couleur, — au-delà de ses besoins. Le peuple semblait solliciter un changement dans la couleur des choses, et il priait les gentlemen de se souvenir que ce pays était libre, que les lois y régnaient, qu’ainsi il espérait qu’ils seraient disposés à adapter la législation aux nécessités populaires. Mais que demandait le peuple à ce sujet ? Suivant sa propre intelligence, il n’avait réellement rien demandé en paroles ; mais lui savait qu’il existait un grand mécontentement relatif aux vieilles couleurs, et il prenait leur silence pour une expression de leur mépris pour les paroles en général. Il était un perpendiculaire, et il maintiendrait toujours les sentiments de son parti. Les gentlemen pouvaient n’être pas de son avis ; mais il n’était pas disposé à sacrifier à un rien les libertés de ses constituants. En conséquence il votait la résolution, telle que les Riddles l’avaient envoyée, sans y changer une lettre, — quoiqu’il pensât qu’un mot n’était pas correctement écrit ; c’était le mot réellement qu’il avait été instruit à prononcer raallement ; — mais il était prêt à immoler aux libertés de son pays, même son opinion sur ce point,