Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Le propre bon sens de l’honorable membre lui dira que l’acte auquel il a fait allusion ne s’est pas écrit lui-même ; — les membres de la commission par laquelle il a été rédigé font dans ce moment partie de la chambre, et plusieurs d’entre eux soutiennent la résolution qui nous occupe ; c’est une personnalité de rappeler en leur présence de précédents actes officiels d’une manière inusitée. Je suis fâché que mon devoir m’oblige de dire que l’honorable membre est tout à fait hors de l’ordre.

— Mais, Monsieur, la Sacrée Nationale…

— Sacrée, Monsieur, sans doute ; — mais dans un sens différent de celui que vous imaginez. — Beaucoup trop sacrée, Monsieur, pour qu’on y fasse jamais allusion ici. Il y a les œuvres des commentateurs, les livres fondamentaux, et surtout les écrits de divers hommes d’État étrangers parfaitement désintéressés. Ai-je besoin de nommer en particulier Ekrub ? — Ils sont à la disposition des membres ; mais aussi longtemps que j’aurai l’honneur d’occuper ce fauteuil, je dois empêcher toute personnalité.

J’étais muet. L’idée que l’autorité serait rejetée ne s’était pas offerte à ma pensée, quoique j’eusse prêté un sens forcé à la phrase. La constitution demandait seulement qu’on ne rendît nulle loi déclarant que le noir est blanc, tandis que la proposition ordonnait simplement qu’à l’avenir le blanc serait noir. Là se trouvait matière de discussion, et je n’étais nullement sûr du résultat ; mais être ainsi acculé dès le début, c’était trop pour la modestie d’un premier discours : Je retournai tout confus à ma place, et je vis clairement, aux sourires des perpendiculaires, qu’ils s’attendaient à un triomphe complet sur tous les points ; ce qui, sans doute, serait arrivé, si un des tangents n’était venu sur-le-champ proposer un amendement.

À la vive indignation du capitaine Poke, et même à ma propre mortification, ce devoir fut rempli par l’honorable Robert Smut. Il commença par prier la chambre de ne pas se laisser égarer par les sophismes des précédents orateurs. Cet honorable membre s’était sûrement senti appelé à défendre la position prise par ses amis ; mais ceux dont il était bien connu, avantage que sa propre destinée lui avait réservé, devaient être persuadés que ses sentiments avaient subi, au moins, un changement soudain et miraculeux. Cet honorable membre niait entièrement l’existence de