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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/365

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apercevoir, sir John, par la triste confusion qui existe en ce moment parmi nous, que nous ne sommes pas sous la plus salutaire de toutes les influences. J’accorde que le désir le plus vif de la société est d’être gouvernée par certaines vérités morales. Les conséquences et les corollaires de ces vérités sont des principes qui viennent du ciel. Maintenant, d’après les dogmes monikins, l’amour de l’argent est un sentiment terrestre ; et, au premier aperçu, il ne semblerait pas très-prudent d’admettre un semblable penchant pour le principal mobile de la conduite d’un seul Monikin, et, par de bonnes raisons, il paraîtrait également imprudent de l’admettre pour mobile de celle de plusieurs. Vous voudrez bien aussi vous rappeler que, lorsque l’autorité est exclusivement entre les mains des riches, ils régissent non seulement leurs propres biens, mais encore ceux des individus moins fortunés qu’eux-mêmes. Votre principe suppose qu’en veillant à ses propres intérêts, le riche électeur s’occupe de ceux de la communauté ; mais notre expérience nous a appris qu’un Monikin peut être à la fois soigneux pour lui-même et singulièrement négligent pour son voisin. C’est pourquoi nous pensons que l’argent est une mauvaise base pour le pouvoir.

— Vous dérangez toutes choses, brigadier, sans rien trouver pour les remplacer.

— C’est qu’il est facile d’abattre et difficile de construire. Mais pour ce qui regarde la base de la société, je mets purement en doute la sagesse de soutenir un état de choses que nous savons tous être appuyé sur un principe vicieux. Je crains beaucoup, sir John, que nous ne soyons jamais tout à fait parfaits, tant que les Monikins seront Monikins ; et, quant à votre système social, je suis d’opinion que, la société se composant de tous ses membres, il peut être bon d’entendre ce que chacun a à dire sur ses lois.

— Il existe des hommes, et j’ose dire des Monikins, qui ne sont pas capables de régler même leurs affaires personnelles.

— C’est vrai, mais il ne s’ensuit pas que d’autres hommes ou d’autres Monikins perdraient de vue leurs propres intérêts, s’ils étaient investis du droit d’agir en qualité de leurs substituts. Vous êtes législateurs depuis assez longtemps pour savoir combien il est difficile même de parvenir à ce qu’un représentant direct et responsable respecte scrupuleusement les intérêts et les désirs de ses constituants ; et la suite vous montrera de quelle