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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/375

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CHAPITRE XXX.


Un peu d’amitié. — Une parcelle de sentiments. — Beaucoup d’amour et un règlement de comptes.



Après une nuit paisible, je me trouvai plus calme et avec un pouls qui annonçait moins d’agitation que les jours précédents. Réveillé de bonne heure, je pris un bain et j’envoyai ensuite prier le capitaine Poke de venir prendre encore une tasse de café avec moi, avant de nous séparer, car il devait partir le soir même pour Stonington. Mon ancien camarade de mer, mon collègue, ce compagnon fidèle de mes courses aventureuses, ne se fit pas attendre. J’avoue que sa présence me soulagea d’un certain malaise, aimant peu à contempler des objets qui s’étaient retrouvés sous mes regards d’une manière si inexplicable, sans l’appui de celui qui avait assisté avec moi à tant de scènes graves et solennelles.

— Notre voyage a été fort extraordinaire, capitaine Poke, observai-je après que le digne marin eut avalé seize œufs, une omelette, sept côtelettes, et divers autres accessoires ; avez-vous le projet de publier votre journal ?

— Il me semble, sir John, que moins nous parlerons de ce voyage, et mieux ce sera.

— Et pourquoi donc ? Nous possédons les découvertes de Colomb, de Cook, de Vancouver et d’Hudson. — Pourquoi ne pas y ajouter celles du capitaine Poke ?

— Pour dire la vérité, nous autres marins, nous n’aimons pas à parler de nos excursions sur terre ; et quant à ces Monikins, après tout, à quoi sont-ils bons ? Un mille de ces petits êtres ne remplirait pas le quart d’une tonne, et leur fourrure ne vaut à peu près rien.