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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/83

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CHAPITRE VII.


Introduction formelle d’un animal amphibie, et ce qui s’ensuivit.



Je ne tardai pas à prendre intérêt à ma nouvelle connaissance ; c’était un homme communicatif, intelligent et singulier ; et quoiqu’il s’exprimât souvent d’une manière assez étrange, ses discours montraient toujours qu’il avait vu du moins un grand nombre de ses semblables. Dans de telles circonstances, la conversation ne pouvait languir ; au contraire, elle me parut devenir plus intéressante quand cet étranger commença à me parler de ses affaires particulières ; il me dit qu’il était marin, qu’il avait été jeté à terre par un des accidents de sa profession, et, pour placer un mot en sa faveur, il me donna à entendre qu’il avait vu le monde, et particulièrement cette classe de ses semblables, qui, de même que lui, vivaient sur la mer.

— Je suis très-charmé, lui dis-je, d’avoir trouvé un étranger qui peut me donner des informations sur toute une classe d’êtres humains avec lesquels je n’ai en jusqu’ici que fort peu de rapports. Pour que nous puissions profiter de cette occasion, et comme il n’y a personne ici pour nous présenter l’un à l’autre, je vous propose de faire cette cérémonie nous-mêmes, et de nous jurer une amitié éternelle, — ou du moins jusqu’à ce qu’il nous paraisse à propos de nous dispenser des obligations qu’elle impose.

— Quant à moi, me répondit-il avec une franchise qui ne lui laissait pas le loisir de perdre le temps en vains compliments, je suis un homme qui préfère l’amitié d’un chien à son inimitié. J’accepte donc votre offre de tout mon cœur, et d’autant plus volontiers, que vous êtes le seul que j’aie rencontré depuis huit jours, qui puisse me demander « How d’ye do ? » sans me dire,