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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/104

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maines et même des mois avant que les ruines cessassent de fumer, l’élément furieux continuant à brûler, comme un volcan qui sommeille dans les entrailles de la terre.

Le jour qui suivit le désastre fut remarquable par la leçon qu’il donna aux gens qui ne soupirent qu’après la richesse. Des hommes qui avaient ouvert leur cœur à l’amour de l’or, et qui étaient fiers en proportion de ce qu’ils en possédaient, sentirent combien cette possession est incertaine et ceux qui tout récemment étaient respectés comme des demi-dieux reconnurent combien le riche devient peu de chose quand il est dépouillé de ses biens. Huit cents édifices, la plupart contenant des manufactures de toute espèce et un immense assortiment de marchandises et de matières premières, avaient été en quelque sorte détruits en un clin d’œil.

Une faible voix s’éleva de la chaire, et il y eut un moment où ceux qui se rappelaient un meilleur état de choses commencèrent à s’imaginer que les bons principes allaient reprendre leur ascendant, et que la communauté serait jusqu’à un certain point purifiée. Cet espoir se termina par le désappointement, l’infatuation ayant fait trop de progrès pour être arrêtée même par cette calamité, et la leçon fut réservée pour ce qui paraît dépendre d’une loi de la nature, qui veut que le vice porte avec soi les moyens de le punir.


CHAPITRE VIII.


Dites-moi d’abord si vous avez jamais été à Pise.
Shakespeare.



La conflagration dont nous avons parlé, plutôt que nous ne l’avons décrite, dans le chapitre précédent, jeta un voile sombre sur les plaisirs de New-York, si l’on peut appeler plaisirs ce qui n’était guère qu’une lutte de parade ou de prodigalité. Ève regretta fort peu l’interruption de scènes qui ne lui avaient procuré aucun amusement, quoiqu’elle en regrettât vivement la cause, et elle passa tranquillement le reste de l’hiver avec Grace cultivant l’amitié de femmes comme mistress Hawker et mistress Bloomfield, et employant le temps à se perfectionner l’esprit et le