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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/159

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— Suivant mon pauvre jugement, monsieur Howel, il y a plus de réelle magnificence dans le grand escalier de Caserta que dans tout le château de Windsor réuni, si vous en exceptez la chapelle.

— Mais Saint-Paul ?

— On peut y opposer Saint-Pierre, du moins comme pendant, je crois.

— C’est ce que disent les catholiques, mais j’ai toujours regardé cela comme une de leurs impostures ; je ne crois pas qu’il puisse exister rien d’aussi beau que Saint-Paul. — Ensuite il y a les nobles ruines de l’Angleterre : vous devez convenir qu’elles sont sans rivales.

— Le temple de Neptune à Pœstum passe pour offrir des ruines très-intéressantes.

— Oui, pour les ruines d’un temple, cela peut être, quoique je ne me souvienne pas d’en avoir jamais entendu parler jusqu’à ce moment. Mais les ruines d’un temple ne peuvent être comparables à celles d’une abbaye.

— Le goût est une chose arbitraire, Tom Howel ; vous et moi nous le savons fort bien, car lorsque nous étions jeunes, nous nous disputions souvent sur la beauté de nos chevaux, dit M. Effingham, voulant mettre fin à une discussion qui lui semblait prématurée, après une si longue absence. — Voici deux jeunes amis qui ont partagé avec nous les périls de notre dernier voyage, et à qui nous sommes redevables en grande partie de nous trouver ici en sûreté. Voici un de nos concitoyens, M. Powis ; et voici un ami anglais qui sera certainement charmé de faire connaissance avec un admirateur si ardent de son pays, — sir George Templemore.

M. Howel n’avait jamais vu un Anglais titré, et il fut tellement pris au dépourvu qu’il salua d’un air un peu gauche. Mais comme les deux jeunes gens lui rendirent son salut avec cette aisance respectueuse qui annonce la connaissance du monde, il se remit bientôt de sa confusion momentanée.

— J’espère, miss Ève, reprit M. Howel après cette courte interruption, que vous avez rapporté ici un cœur américain — un cœur tout entier ? Il a déjà couru certains bruits sur des marquis français et des barons allemands ; mais je comptais trop sur votre patriotisme pour croire que vous voulussiez épouser un étranger.

— Je me flatte que vous exceptez les Anglais, s’écria gaiement sir George. Nous sommes presque le même peuple.