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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/164

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thèque. Dès qu’ils y furent entrés, il en ferma la porte avec soin d’un air satisfait, et lui dit à demi-voix :

— Pour l’amour du ciel, ma chère miss Effingham, dites-moi qui sont ces deux étrangers que nous avons laissés dans le salon ?

— Mon père vous les a déjà nommés, monsieur Howel : M. Paul Powis et sir George Templemore.

— Anglais, sans doute ?

— Sir George est Anglais ; mais nous pouvons réclamer M. Powis comme notre compatriote.

— Sir George Templemore ! — Quel superbe jeune homme !

— Oui, dit Ève en souriant, on peut convenir qu’il est bel homme.

— Il est admirable ! L’autre monsieur, j’ai oublié son nom — est fort bien aussi, mais ce sir George à l’air d’un prince.

— Je crois que la majorité donnerait la préférence à M. Powis, dit Ève, rougissant en dépit d’elle-même.

— Quel motif peut l’avoir porté à venir dans ces montagnes ? — Sir George Templemore ! reprit M. Howel sans s’apercevoir de la confusion de miss Effingham ; — est-ce un vrai lord ?

— Seulement un baronnet, monsieur Howel. Vous savez que mon père vous a dit que nous avons été compagnons de voyage.

— Mais que pense-t-il de nous, miss Ève ? Je meurs d’envie de savoir ce qu’un pareil homme pense réellement de nous.

— Il n’est pas toujours facile de savoir ce que pensent des hommes semblables ; mais je suis portée à croire qu’il est disposé à penser favorablement de quelques-uns de nous.

— Oui, de vous, de votre père, de M. John. — Vous avez voyagé, vous êtes plus d’à demi Européens. Mais que peut-il penser de ceux qui n’ont jamais quitté l’Amérique ?

— Je crois qu’il a de la partialité même pour quelques personnes de cette classe, répondit Ève en souriant.

— Eh bien ! j’en suis charmé. — Savez-vous quelle est son opinion sur l’empereur Nicolas ?

— Je ne me souviens pas de l’avoir jamais entendu prononcer son nom ; je ne crois même pas qu’il l’ait jamais vu.

— Cela est étonnant ! un tel homme doit avoir tout vu, doit savoir tout. — Mais je garantis qu’au fond il le connaît parfaitement. Si par hasard vous avez pris de vieux journaux anglais pour envelopper des paquets, permettez-moi de vous prier de me les prêter peu m’importe leur date. Un journal anglais de