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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/289

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avoir qu’une vérité, et, dans quelque pays que ce soit, il est du destin de bien peu de gens de la connaître. D’ailleurs les Américains ne veulent que faits et pratique, ils font peu d’attention aux principes ; ils donnent le moins de temps possible aux recherches qui sont hors de la portée d’un esprit ordinaire, et il s’ensuit qu’ils ne connaissent que bien peu de choses dans tout ce qui n’est pas pour eux un objet d’occupation journalière. Quant à ce qui concerne la pratique des institutions, elles sont exploitées ici comme ailleurs par les partis, et les partis ne donnent jamais des explications franches et désintéressées.

— Vous trouvez-vous donc dans la situation commune, ou pire que vos voisins ? demanda sir George.

— Pire que nos voisins, et cela par la raison toute simple que l’intention du système américain, qui a été établi tout exprès, et qui d’ailleurs est le résultat d’un marché, est de mettre sa théorie en pratique ; au lieu que dans les pays où les institutions sont les résultats du temps et des circonstances, on ne peut les améliorer que par des innovations. Les partis attaquent invariablement le pouvoir et l’affaiblissent. Quand le pouvoir est en la possession du petit nombre, l’esprit de parti profite à la masse ; mais quand le pouvoir est le droit légal de la masse, c’est le petit nombre qui profite de l’esprit de parti. Or, comme un parti n’a pas de meilleurs alliés que l’ignorance et le préjugé, bien connaître les principes de la législation est beaucoup plus important dans un gouvernement populaire que dans tout autre. À la place des éternels éloges des faits qu’on entend dans ce pays en toute occasion, je voudrais substituer une exposition claire et simple des principes, et je pourrais même dire des faits, en tant qu’ils se rattachent aux principes.

Mais la musique, Monsieur, qu’en pensez-vous ? demanda mademoiselle Viefville d’un ton si drôle qu’elle causa un sourire général.

— Que ce n’est de la musique ni en fait ni en principe, ma chère demoiselle.

— Cela prouve seulement, Mademoiselle, ajouta mistress Bloomfield, qu’un peuple peut être libre et entendre un discours du 4 juillet, sans avoir des idées très-correctes de l’harmonie ou de la mesure.

Mais est-ce la fin de nos réjouissances, miss Effingham ?

— Point du tout ; il y a encore quelque chose en réserve pour