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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/357

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ler ; et Powis nous a dit que la sienne était des États de l’intérieur.

— Et que sa mère se nommait Dunluce ? demanda John Effingham avec force ; car il semblait désirer aussi de découvrir un lien de parenté entre Paul et lui.

— Je ne crois pas qu’il nous l’ait dit, cousin John, dit Ève ; mais cela est très-probable, car le titre de sa tante vient d’une ancienne baronnie, et ces anciens titres deviennent souvent le nom de famille.

— Il faut que vous vous trompiez à cet égard, ma fille ; car Paul nous a dit que ce titre descendait de la mère de sa mère qui était Anglaise. — Mais, au surplus, pourquoi ne pas le faire venir sur-le-champ pour l’interroger ? Après le plaisir de l’avoir pour mon propre fils, John, je ne pourrais en avoir un plus grand que celui d’apprendre qu’il avait un droit légal à ce que je sais que vous avez fait pour lui.

— Cela est impossible, Édouard. Je suis fils unique, et quant à mes cousins maternels, j’en ai un si grand nombre, qui sont à un même degré de parenté, qu’aucun d’eux en particulier ne peut prétendre à être mon héritier légal. Mais, quand il y en aurait, je suis un Effingham, ma fortune vient d’un Effingham, et elle passera à un Effingham en dépit de tous les Assheton d’Amérique.

— Y compris Paul Powis ? s’écria Ève levant un doigt avec un air de reproche.

— Il est vrai que je lui ai laissé un legs ; mais c’était à un Powis, et non à un Assheton.

— Et pourtant il déclare qu’il est légalement un Assheton, et non un Powis.

— N’en parlons pas davantage, Ève ; ce sujet m’est désagréable. Je déteste le nom d’Assheton, quoique ce fût celui de ma mère, et je désire ne plus l’entendre prononcer.

Ève et son père restèrent muets d’étonnement ; car leur cousin, ordinairement si fier et si maître de lui-même, parlait avec une émotion qu’il cherchait vainement à cacher, et il était même évident que quelque cause secrète faisait qu’il était encore plus ému qu’il ne le paraissait. L’idée qu’il se rattachait peut-être à ce nom quelque chose qui pourrait inspirer de l’éloignement pour Paul à un être qui lui était aussi cher que son cousin, était infiniment pénible pour elle, et elle regrettait qu’on lui eût parlé de ce sujet.