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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/195

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— Point du tout, Pathfinder ; ils tâcheront de rendre parfait ce qui est déjà si voisin de la perfection. Vous ne nous connaissez pas si vous vous imaginez que l’un ou l’autre de nous désire vous voir changer en la moindre chose. Restez ce que vous êtes, c’est-à-dire un guide consciencieux, intrépide, intelligent, digne de toute confiance, plein de droiture et d’intégrité, et ni mon père ni moi nous ne pourrons jamais avoir une autre opinion de vous que celle que nous en avons à présent.

Il faisait trop obscur pour que Mabel pût voir sur les traits de Pathfinder ce qui se passait dans son âme ; mais elle avait le visage tourné vers lui, et quoiqu’elle lui parlât avec une chaleur égale à sa franchise, c’était d’un ton à montrer qu’elle n’éprouvait aucun embarras à exprimer ses pensées, et combien ses paroles étaient sincères. Il est vrai que sa physionomie était un peu animée ; mais c’était parce qu’elle se sentait entraînée par la force de la vérité ; du reste, pas un de ses nerfs ne tressaillait, pas un de ses membres ne tremblait, et le battement de son pouls n’était pas accéléré. En un mot, son air et ses manières annonçaient une jeune fille franche et sincère faisant à un homme la déclaration de l’estime et de l’affection qu’elle sentait que ses services et ses bonnes qualités méritaient, sans cette émotion qui accompagne toujours le sentiment intime d’une inclination qui pourrait conduire à un aveu plus doux.

Mais Pathfinder avait trop peu d’expérience pour comprendre des distinctions semblables, et son humilité naturelle se trouva encouragée par ce qu’il venait d’entendre. Ne voulant ni ne pouvant peut-être en dire davantage, il s’éloigna d’elle, resta environ dix minutes, appuyé sur sa carabine, à regarder les étoiles en silence, et descendit ensuite sous le pont.

Pendant ce temps, l’entrevue dont nous avons déjà parlé avait lieu sur un bastion du fort entre le major Duncan et le sergent.

— Les havresacs des soldats ont-ils été inspectés ? demanda le major après avoir jeté les yeux sur un rapport par écrit que lui avait remis le sergent, mais que l’obscurité ne lui permettait pas délire.

— Oui, major, et tout est en règle.

— Les munitions ? les armes ?

— Tout est en ordre et prêt pour le service.

— Vous avez pris les hommes portés sur le rôle ?

— Sans une seule exception. On n’en pourrait trouver de meilleurs dans tout le régiment.