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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/201

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pêches, et il est reconnu qu’en général l’artifice peut se justifier.

— Sans doute, major, mais par artifice vous entendez les embuscades, les surprises, les fausses attaques, et même l’espionnage. Mais je n’ai jamais entendu parler d’un vrai soldat qui voulût miner sourdement la réputation d’un jeune homme honnête par un pareil moyen.

— J’ai vu dans le cours de ma vie d’étranges évènements et des hommes encore plus étranges. — Mais adieu, sergent, je ne vous retiendrai pas plus long-temps. Vous êtes sur vos gardes, et je vous recommande une vigilance infatigable. Je crois que Muir songe à quitter le service incessamment, et si vous réussissez complètement dans cette entreprise, toute mon influence sera employée pour vous obtenir sa place, à laquelle vous avez de justes droits.

— Je vous remercie humblement, major Duncan, — répondit d’un ton froid le vieux sergent, qui avait bien des fois reçu de pareils encouragements depuis vingt ans. — J’espère que je ne déshonorerai jamais mon grade, quel qu’il puisse être. Je suis ce que la nature et la Providence m’ont fait, et je m’en contente. Vous n’avez pas oublié l’obusier ?

— Jasper l’a pris à bord ce matin.

— Soyez prudent et ne vous fiez pas à lui sans nécessité. Faites votre confident de Pathfinder ; il peut nous être utile pour découvrir les complots qui peuvent se tramer. Son honnête simplicité lui facilitera les moyens de tout observer, parce qu’elle écartera de lui tout soupçon. — Il faut qu’il nous soit fidèle, lui.

— Quant à lui, major, j’en réponds sur ma tête, et même sur mon grade dans le régiment ; je l’ai vu trop souvent à l’épreuve pour douter de lui.

— De toutes les sensations, Dunham, la plus pénible est la méfiance, quand elle tombe sur un homme à qui l’on est forcé de se confier. Vous avez pensé aux pierres à fusil de rechange ?

— On peut s’en rapporter à un vieux sergent pour de pareils détails, major.

— Eh bien ! donnez-moi la main, Dunham. Que Dieu vous protège, et puissiez-vous réussir ! — Oui, Muir a dessein de se retirer du service, et soit dit en passant, laissez-le courir sa chance près de votre fille, car ce mariage faciliterait mes opérations pour votre avancement. On se décide plus facilement à la retraite avec une compagne comme Mabel, que lorsqu’on est dans un triste