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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/237

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— Non, monsieur, je dors sous le pont. Quand nous approchons des îles, maître Eau-douce fait descendre tout le monde, et ne garde avec lui sur le pont que le pilote, de sorte que nous ne connaissons pas plus la route que si nous n’y avions jamais été. Il l’a toujours fait en arrivant comme en parlant ; et quand il s’agirait de ma vie, je ne pourrais rien vous dire ni du canal ni de la route à suivre, une fois que nous serons près des îles. Personne n’y connaît rien, excepté Jasper et le pilote.

— Voici encore une circonstance, sergent, — dit Cap à son beau-frère, en le tirant un peu à part. — Il n’y a personne à bord que je puisse sonder, car dès la première fois que je jette la sonde, elle ne rapporte qu’ignorance. Comment diable trouverai-je la route du poste où nous devons aller ?

— Bien sûrement, frère Cap, il est plus facile de faire cette question que d’y répondre. N’y a-t-il pas moyen de vous en assurer par l’art de la navigation ? Je croyais que vous autres marins d’eau salée vous étiez en état de venir à bout d’une pareille vétille. J’ai lu bien des relations de la découverte de différentes îles par des navigateurs.

— Oui, sans doute, frère, oui, sans doute, et la découverte dont il s’agit serait la plus grande de toutes ; car ce ne serait pas seulement la découverte d’une île, mais celle d’une île entre mille. Je pourrais trouver une aiguille sur le pont, tout vieux que je suis, mais je doute fort que je pusse la trouver dans une meule de foin.

— Cependant les marins du lac ont une méthode pour trouver les endroits ou ils veulent aller.

— Si je vous ai bien compris, sergent, ce poste, ce fort en bois, est particulièrement caché ?

— Sans doute, et l’on a pris le plus grand soin pour empêcher l’ennemi d’en avoir connaissance.

— Et vous croyez que moi, étranger sur votre lac, je trouverai ce poste sans carte, sans en connaître la route, la distance, la longitude, la latitude, et sans avoir besoin de sonder ! — Oui, de par tous les diables, et sans suif pour la sonde ! Permettez-moi de vous demander si vous croyez qu’un marin trouve sa route à l’aide de son nez comme les chiens de Pathfinder ?

— Eh bien ! frère, il est encore possible que vous appreniez quelque chose en questionnant de nouveau le jeune homme qui est à la barre. J’ai peine à croire qu’il soit aussi ignorant qu’il veut le paraître.