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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/312

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avoir aucune autorité légale sur la petite garnison que je laisse dans cette île, mais vous pouvez donner des avis et exercer votre influence. Strictement parlant, le caporal Mac-Nab sera l’officier commandant en mon absence, et j’ai cherché à le pénétrer du sentiment de sa dignité, de peur qu’il ne cède trop au rang supérieur du lieutenant Muir, qui, n’étant ici que comme volontaire, n’a pas le droit de donner des ordres. Je vous prie de soutenir le caporal, frère Cap, car si le quartier-maître violait une fois les principes de l’expédition, il pourrait ensuite prétendre me commander aussi bien qu’à Mac-Nab.

— Surtout si Mabel coupait son câble et le laissait en dérive pendant votre absence, frère Dunham ; mais je suppose, sergent, que vous laisserez sous mes ordres tout ce qui flotte sur l’eau. La plus infernale confusion résulte quelquefois de la mésintelligence entre les commandants généraux de l’armée de terre et de l’armée navale.

— Dans un sens général, frère, le caporal est commandant en chef. L’histoire nous apprend que la division du commandement conduit a des difficultés, et je dois éviter ce danger. Il faut donc que ce soit le caporal qui commande ; mais vous pouvez lui donner des conseils, surtout en ce qui concerne les barques ; car je vous en laisserai une pour assurer votre retraite si elle devenait nécessaire. Je connais parfaitement le caporal ; il est brave, bon soldat, c’est un homme sur qui l’on peut compter, si l’on peut écarter de lui la cruche au rum ; mais il est Écossais, et connue tel, il est exposé à l’influence du quartier-maître, et c’est sur quoi je vous prie, vous et Mabel, d’être sur vos gardes.

— Mais pourquoi nous laisser ici, mon père ? Je suis venue en ce pays pour ne plus vous quitter. Pourquoi ne vous accompagnerais-je pas ?

— Vous êtes une bonne fille, Mabel, et vous tenez beaucoup des Dunham ; mais il faut que vous restiez ici. Nous quitterons l’île demain avant l’aurore, afin que l’œil d’aucun maraudeur ne puisse nous voir sortir de notre port. Nous emmènerons les deux plus grandes barques, et nous vous laisserons la troisième avec une pirogue d’écorce. Nous allons entrer dans le canal par où passent les Français, et nous y resterons peut-être une semaine à les guetter afin de capturer les barques sur lesquels ils portent à Frontenac diverses marchandises destinées aux Indiens.

— Êtes-vous bien sûr que vos papiers sont en bon ordre, frère ?