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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/341

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non-seulement nous serons pris, mais le détachement qui est maintenant en course sera probablement prisonnier aussi.

— Il n’est pas nécessaire d’être venu d’Écosse jusqu’ici pour comprendre ce qui résulterait d’un fait semblable, — répondit Mac-Nab d’un ton sec.

— Je ne doute pas que vous ne le compreniez aussi bien que moi, monsieur Mac-Nab ; mais je crains que vous autres, vétérans, habitués comme vous l’êtes aux dangers et aux combats, vous ne soyez un peu enclins à négliger quelques-unes des précautions qui peuvent être nécessaires dans une situation telle que la nôtre.

— On dit que l’Écosse n’est pas un pays conquis, jeune femme, mais je commence à penser qu’il peut y avoir quelque méprise, puisque nous, ses enfants, nous sommes si engourdis et si sujets à être surpris lorsque nous nous y attendons le moins.

— Non, mon bon ami, vous ne me comprenez pas. D’abord je ne parle pas du tout de l’Écosse, mais de cette île ; ensuite je suis bien éloignée de mettre en doute votre vigilance, lorsque vous croyez nécessaire de l’exercer ; mais ma crainte est qu’il n’existe un danger, que votre courage vous porte à mépriser.

— Mon courage, miss Dunham, est sans doute d’une qualité bien inférieure, n’étant rien autre chose qu’un courage écossais. Votre père est Yankee ; s’il était avec nous, nous verrions certainement des préparatifs très différents. Les temps sont venus où les étrangers ont des grades et portent la hallebarde et l’arme des sergents de l’armée anglaise dans les corps écossais, et je ne m’étonne pas que les batailles se perdent et que les campagnes soient désastreuses.

Mabel était presque découragée, mais l’impression des paroles de Rosée-de-Juin était encore trop vive pour lui permettre de quitter la partie. Elle changea seulement le mode d’attaque, s’attachant encore à l’espoir d’attirer tous ses compagnons dans le fort sans être forcée de découvrir la source des renseignements qui lui faisaient sentir le besoin d’être sur ses gardes.

— J’ose dire que vous avez raison, caporal Mac-Nab, — observa-t-elle, — car j’ai souvent entendu parler des héros de votre pays qui sont placés au premier rang parmi ceux du monde civilisé, si ce qu’on m’a raconté d’eux est vrai.

— Avez-vous lu l’histoire d’Écosse, miss Dunham ? — demanda le caporal, en regardant pour la première fois sa jolie interlocu-