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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/404

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res. Mais lorsque Pathfinder entendit le bruit d’un mocassin et celui de branches sèches au pied du fort, il prévit que les sauvages allaient essayer de mettre le feu aux murailles. Alors il appela son compagnon qui était sur le toit, où toute apparence de danger avait cessé, et lui dit de se tenir prêt avec de l’eau, près d’une meurtrière qui se trouvait précisément au-dessus du point attaqué.

Un guerrier moins expérimenté que notre héros se fût pressé de réprimer cette dangereuse tentative, et eût usé prématurément de tous ses moyens ; il n’en fut pas ainsi de Pathfinder. Son but était non-seulement d’éteindre le feu qui lui causait peu d’effroi, mais de donner à l’ennemi une leçon qui lui profiterait pendant le reste de la nuit. Afin d’effectuer ce dernier dessein, il lui fut nécessaire d’attendre que la lumière de l’incendie projeté pût aider ses yeux, alors il était certain qu’un faible effort de son adresse serait suffisant. Les Iroquois eurent donc pleine liberté de réunir leurs broussailles sèches, de les amonceler contre le fort, d’y mettre le feu et de s’en éloigner, sans la moindre molestation. Tout ce que Pathfinder permit à Cap, ce fut de rouler un baril rempli d’eau près de la meurtrière, afin d’en faire usage au moment convenable. Dans son opinion, ce moment n’arriva que lorsque la flamme éclaira les buissons environnants. Alors son œil exercé aperçut la forme de deux ou trois sauvages tapis dans les buissons, et qui surveillaient les progrès des flammes avec cette indifférence d’hommes habitués à contempler les misères humaines avec apathie. C’est alors que Pathfinder parla.

— Êtes-vous prêt, l’ami Cap ? — demanda-t-il ; — la chaleur commence à pénétrer à travers les crevasses, et quoique ce bois n’ait pas la nature inflammable d’un homme d’un mauvais caractère, cependant il jettera feu et flamme si on le provoque un peu trop. Avez-vous le baril à votre portée ? Voyez si c’est bien là l’ouverture, afin que nous ne perdions pas d’eau.

— Tout est prêt ! — répondit Cap de la manière dont un marin répond à un ordre.

— Alors attendez le commandement. Ne soyez jamais impatient dans un moment critique, ni follement hardi dans une bataille ; attendez le commandement.

Tandis que Pathfinder donnait ces ordres, il faisait aussi ses préparatifs, car il jugeait qu’il était tant d’agir ; Tue-daim fut