Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuvent l’être en temps de guerre ; car Mabel et son père y consentant, le 55e tout entier ne pourrait l’empêcher. Hélas ! le pauvre père aura de la peine à vivre assez pour voir ce qu’il a tant désiré !

— Mais il aura en mourant la consolation de savoir que ses vœux seront accomplis. C’est un grand soulagement, Pathfinder, pour l’esprit qui va quitter ce monde d’être sûr que les êtres qu’il chérissait seront heureux après sa mort. Toutes les mistress Muir ont exprimé ce sentiment à leur dernier soupir.

— Toutes vos femmes, quartier-maître, ont probablement senti cette consolation ?

— Halte-là, mon cher ! je ne vous croyais pas un tel diseur de bons mots. Bien, bien ; entre vieux amis une plaisanterie ne blesse pas. Si je ne puis épouser Mabel, il me sera permis du moins de l’estimer toujours et de faire son éloge et le vôtre en toutes occasions et en présence de tous. Mais, Pathfinder, vous comprendrez facilement qu’un pauvre diable qui perd une telle femme, aura probablement besoin de quelques consolations.

— Sûrement, sûrement, quartier-maître, — répondit le guide avec sa simplicité ordinaire ; — je sais que la perte de Mabel me serait bien difficile à supporter. Il peut vous être pénible de nous voir mariés, la mort du sergent retardera probablement notre union, et vous aurez le temps de vous y préparer.

— Je supporterai ce coup ; oui, je le supporterai, quand toutes les fibres de mon cœur devraient se rompre, et vous pouvez m’y aider en me donnant quelque chose à faire. Vous voyez que cette expédition a été d’une nature assez étrange ; car moi à qui le roi a accordé un brevet d’officier, je ne suis ici que comme volontaire, tandis qu’un simple sous-officier ai eu le commandement. Je m’y suis soumis par plusieurs raisons, bien que je désirasse avec ardeur d’être à votre tête, lorsque vous combattiez pour l’honneur du pays et les droits de Sa Majesté…

— Quartier-maître, — interrompit le guide, — vous êtes tombé si promptement entre les mains des ennemis, que votre conscience n’a guère de reproche à vous faire sur ce point ; ainsi, croyez-moi, n’en parlez pas.

— C’est précisément mon avis, Pathfinder ; nous garderons tous le silence sur cela. Le sergent Dunham est hors de combat.

— Comment dites-vous ? — demanda le guide.

— Puisque le sergent ne peut plus commander, il serait à peine