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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/429

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rons du fort d’Oswego, et il avait même passé une nuit entière caché dans ce fort.

Arrowhead néanmoins était intermédiaire ordinaire de leurs communications, et la lettre anonyme au major Duncan avait d’abord été écrite par Muir, transmise à Frontenac pour y être copiée et rapportée par le Tuscarora qui revenait de cette mission lorsqu’il fut pris par le Scud. Il est à peine nécessaire d’ajouter que Jasper devait être sacrifié, afin de cacher la trahison du quartier-maître, et que la position de l’île avait été découverte à l’ennemi par ce dernier. Une gratification extraordinaire, — l’or trouvé dans sa bourse, — l’avait décidé à suivre le détachement sous les ordres du sergent Dunham, pour donner le signal qui devait annoncer le moment favorable pour l’attaque. Le penchant de Muir pour le beau sexe était une faiblesse naturelle, et il aurait épousé Mabel, ou toute autre qui aurait accepté sa main ; mais son admiration pour elle était feinte en grande partie dans le but d’avoir un prétexte pour accompagner la troupe, sans partager la responsabilité de sa défaite, et sans courir le risque de ne pouvoir alléguer un motif assez plausible pour demander à accompagner le détachement. Le capitaine Sanglier savait tout cela et particulièrement ce qui concernait Mabel, et il ne manqua pas de mettre ses auditeurs dans le secret, riant souvent d’une manière caustique en révélant les divers expédients mis en œuvre par le malheureux quartier-maître

Touchez-là, — dit l’insouciant partisan en présentant sa main nerveuse à Pathfinder, lorsqu’il eut fini ses explications ; — vous êtes honnête vous, et c’est beaucoup. Nous prenons des espions comme nous prenons une médecine, pour nous faire du bien ; mais je les déteste, touchez-là.

— Je vous serrerai la main, capitaine ; vous êtes un ennemi légal, naturel et brave, — répondit Pathfinder ; — mais le corps du quartier-maître ne souillera jamais le sol anglais. J’avais dessein de le porter à Lundie, afin qu’il pût faire jouer sur lui ses cornemuses, mais il restera dans l’endroit qui a été témoin de son infamie, et il aura sa trahison pour pierre sépulcrale. Capitaine Cœur-de-pierre, je suppose que ces relations avec des traîtres font partie des fonctions régulières d’un soldat ; mais je vous le dis franchement, cela ne me conviendrait pas, et j’aime mieux que ce soit vous que moi qui ayez cette affaire sur la conscience. Quel pêcheur endurci ! Comploter à droite et à gau-