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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/107

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et la puissance des deux couronnes doit appuyer complètement celle de l’homme qui sera chargé de tout le poids de la responsabilité.

— Rien n’est plus juste, et personne ne s’y opposera ; mais, Señor, avez-vous réfléchi mûrement aux avantages que pourront trouver les souverains à vous soutenir dans cette entreprise ?

— Señor archevêque, ce sujet domine toutes mes pensées depuis dix-huit ans, et je m’en suis occupé nuit et jour. Pendant ce long espace de temps, je n’ai presque rien fait qui n’eût un rapport direct au succès de cette grande entreprise. Il n’est donc pas probable que les avantages qui en résulteront pour toutes les parties intéressées, aient été oubliés.

— Faites-nous-en le détail, Señor.

— D’abord, gloire sera rendue au Très-Haut, comme cela est dû à sa toute-puissante protection et à son œil ouvert sur tout, par la propagation de son évangile et par l’augmentation du nombre de ses adorateurs. — Fernando de Talavéra et les autres ecclésiastiques firent, à ces mots, le signe de la croix, et Colomb en fit autant. — Ensuite Leurs Altesses y trouveront l’avantage de voir s’étendre leur empire, et leurs sujets devenir plus nombreux ; un fleuve rapide d’immenses richesses coulera dans la Castille et dans l’Aragon, car Sa Sainteté accordera volontiers aux souverains chrétiens les trônes et les domaines des princes infidèles dont les territoires pourront être découverts, et les peuples convertis à la foi.

— Cela est plausible, Señor, et fondé sur de justes principes. Sa Sainteté possède bien certainement ce pouvoir, et on l’a vue l’exercer pour la gloire de Dieu. Vous savez, sans doute, señor Colon, que don Juan de Portugal a déjà donné beaucoup d’attention à ce genre d’affaires, et que lui et ses prédécesseurs ont probablement poussé les découvertes jusqu’à leurs dernières limites. Cette entreprise a obtenu du saint père certains privilèges que nous sommes obligés de respecter.

— Je connais les entreprises des Portugais, saint prélat, et l’esprit dans lequel don Juan a usé de son pouvoir. Ses bâtiments voyagent le long de la côte occidentale de l’Afrique, et dans une direction toute différente de celle que je me propose de suivre. Mon plan est de me lancer sur-le-champ à travers l’Atlantique, et, en suivant le soleil vers les lieux où il se couche tous les soirs,