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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/117

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cédès sentait une sorte de désespoir lui glacer le cœur, la reine et doña Béatrix montraient du mécontentement.

— Avez-vous bien expliqué au señor Colon la nature de nos propositions, señor archevêque ? demanda la reine, dont le ton avait plus de sévérité que de coutume ; insiste-t-il encore sur ses prétentions à la vice-royauté, avec la condition offensante de la transmettre à ses descendants ?

— Oui, Votre Altesse. Quand Isabelle de Castille aurait à traiter avec Henri d’Angleterre ou Louis de France, ces deux monarques ne pourraient prendre un ton plus haut, ni montrer tant d’inflexibilité dans leurs prétentions que cet aventurier génois. Il ne veut absolument rien en rabattre. Cet homme se regarde comme l’élu de Dieu pour arriver à certaines fins, et ses discours et ses prétentions sont d’une nature qui conviendrait à peine à un être qui se sentirait soutenu dans sa conduite par l’impulsion du ciel.

— Cette constance a son mérite, dit la reine, mais il y a des bornes aux concessions. Je n’ai plus rien à dire en faveur du señor Colon. Je l’abandonne au sort qui suit ordinairement une opinion trop élevée de soi-même et des prétentions extravagantes.

Ces mots parurent mettre le sceau au destin de Colomb en Castille. L’archevêque prit un air plus calme, et après avoir eu quelques instants d’entretien privé avec la reine, il sortit de l’appartement ; Bientôt après Christoval Colon, comme les Espagnols le nommaient, — Colomb, comme il s’appela lui-même par la suite, — reçut, pour réponse définitive, l’avis que ses demandes étaient rejetées, et que la négociation relative à son voyage projeté était rompue.