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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/190

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n’est pas toujours élevé au même degré de piété et de pureté. Se rappeler les infirmités communes à l’espèce humaine, — ne pas oublier que, nul homme n’étant parfait, la question se réduit à distinguer celui qui approche plus ou moins de la perfection, avoir sans cesse présent à l’esprit que l’être qui sait tout peut accueillir une ardente prière, même lorsqu’elle lui est adressée par un cœur peu habitué à observer ses commandements, serait beaucoup plus sage. Ces pieuses quoique passagères émotions sont l’œuvre de l’Esprit Saint, puisque le bien ne peut découler d’aucune autre source ; et il est aussi déraisonnable que peu respectueux de s’imaginer que Dieu dédaignera les effets de sa propre grâce, quelque faibles qu’ils soient en eux-mêmes.

Quelles que pussent être les dispositions générales de la plupart de ceux qui dans cette circonstance reçurent le pain consacré, on ne saurait guère douter que parmi les individus agenouillés dans l’église de la Rabida, il ne se trouvât un homme qui, autant que l’œil pouvait en juger, professait un grand respect pour les dogmes de la religion, et en observait assidûment tous les rites. Colomb n’était pas un dévot dans toute l’acception du terme ; mais un enthousiasme tranquille et profond, qui avait pris un caractère tout à fait religieux, s’était emparé de toutes ses facultés, et le disposait toujours à invoquer la main protectrice de la Divinité et à compter sur son aide. Nous avons déjà parlé des grands desseins qu’il formait pour l’avenir, et il paraît plus probable qu’il se persuadait avoir été choisi par la Providence comme instrument dont elle voulait se servir pour la grande découverte qui occupait si complètement son esprit, aussi bien que pour accomplir d’autres desseins ultérieurs. Et puisqu’un pouvoir suprême dirige tous les événements qui se passent dans ce monde, qui oserait dire que cette conviction de Colomb était erronée, aujourd’hui que l’événement l’a justifiée ? Ce sentiment intime soutenait son courage et le poussait constamment en avant ; et c’est une preuve de plus en faveur de l’impression produite sur son esprit ; car, dans de telles circonstances, il est plus que probable qu’une ferme croyance en sa destinée serait un des moyens qu’emploierait une puissance surnaturelle pour porter celui qui est son agent sur la terre à accomplir l’œuvre pour laquelle il a été véritablement choisi.

Quoi qu’il en soit, on ne peut douter que Colomb, avant son départ, n’accomplît les rites de l’église avec une pieuse confiance