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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/217

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avantages qu’elles offraient comme point de départ et de ravitaillement.

— Ces îles ont été fort utiles aux Portugais, dit Colomb ; elles fournissent à leurs navires de l’eau, du bois et des vivres, et je ne vois pas pourquoi la Castille ne suivrait pas aujourd’hui cet exemple et n’en retirerait pas les mêmes avantages. Vous voyez comme nos voisins se sont avancés du côté du sud, et combien de richesses leurs nobles entreprises et leur commerce ont fait couler vers Lisbonne. Tout cela n’est pourtant qu’un seau d’eau puisé dans l’Océan, auprès des immenses richesses du Cathay et des résultats importants que doit avoir notre voyage.

— Croyez-vous, don Christoval, demanda Luis, que les domaines du Grand-Khan ne soient pas à une plus grande distance que le point le plus éloigné que les Portugais aient atteint du côté du sud ?

Colomb regarda avec soin autour de lui, pour s’assurer que personne n’était à portée de l’entendre ; lorsqu’il eut reconnu que le son de sa voix ne pouvait arriver à aucun des hommes placés sur le navire, il eut la précaution de parler le plus bas possible, et répondit d’une manière qui flatta son jeune compagnon en lui prouvant que l’amiral était disposé à le traiter avec la franchise et la confiance de l’amitié.

— Don Luis, lui dit-il, vous connaissez le caractère des esprits auxquels nous avons affaire. Je ne me croirai pas même sûr de leurs services, tant que nous serons dans le voisinage des côtes de l’Europe ; car rien n’est plus facile à un de ces petits bâtiments que de m’abandonner pendant la nuit et de chercher un port sur quelque côte connue, sauf à alléguer pour excuse quelque nécessité supposée.

— Martin Alonzo n’est pas homme à commettre une action si indigne et si ignoble ! s’écria Luis.

— Non, sans doute, mon jeune ami, non par un motif aussi vil que la crainte, répondit Colomb avec un sourire pensif qui prouvait avec quelle sagacité il avait déjà su observer le véritable caractère de ses nouveaux compagnons. Martin Alonzo est un navigateur aussi hardi qu’intelligent, et nous pouvons attendre de lui de bons services en tout ce qui demande de la résolution et de la persévérance. Mais les yeux des Pinzons ne peuvent être