Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lence avait la bonté de dire à ces braves gens pour quel port nous sommes frétés, ce que vous comptez y trouver, et surtout quand nous en reviendrons, cela les rassurerait à un degré inexprimable.

— Comme je crois que le devoir des hommes chargés de l’autorité est de faire connaître les motifs de leurs actions, quand il n’en peut résulter aucun mal, je répondrai très-volontiers à toutes ces questions, demandant l’attention de tous ceux qui sont ici, et surtout de ceux qui sont inquiets de notre position présente et de nos mouvements futurs. Notre voyage a pour but d’arriver au Cathay, pays qu’on sait être situé à l’extrémité orientale de l’Asie, et que plus d’un voyageur chrétien a déjà visité. La différence qui se trouve entre notre voyage et ceux qui ont déjà été faits dans ce pays, c’est que nous y allons par l’ouest, au lieu que les voyageurs qui nous ont précédés y ont été par l’est. Mais ce dessein ne peut être exécuté que par des marins courageux, des pilotes habiles, des matelots obéissants et actifs, qui savent traverser les mers sans autres guides que la connaissance des astres, des courants, des vents, et des autres phénomènes de l’Atlantique, et sans autre aide que celle qu’on peut obtenir de la science. La raison d’après laquelle j’agis, c’est d’abord la conviction que la terre est ronde, d’où il suit que l’Atlantique que nous savons être bornée par la terre du côté de l’est, doit l’être aussi du côté de l’ouest ; puis encore par certains calculs qui donnent la presque certitude que ce continent, qui se trouvera, je crois, être l’Inde, ne peut être à une plus grande distance de notre Europe que vingt-cinq à trente journées de traversée. Après vous avoir ainsi appris quand et où je compte trouver le pays que nous cherchons, je vous dirai un mot des avantages que nous pouvons tous espérer retirer de cette découverte. D’après le compte qu’ont rendu de ce pays un certain Marco Polo et ses parents, Vénitiens, hommes dignes de foi et jouissant d’une bonne réputation, le royaume de Cathay est non seulement un des plus grands empires connus, mais celui de tous le plus riche en or, en argent et en pierres précieuses. Vous pouvez juger des avantages que vous procurera la découverte d’un tel pays, par ceux que j’en retire moi-même. Comptant sur le succès de notre entreprise, Leurs Altesses m’ont accordé par anticipation le titre de vice-roi avec celui d’amiral ; par une constante persévérance dans vos efforts, vous pouvez donc tous, jusqu’au dernier, compter sur quelque marque signalée de leur faveur.