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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/346

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se représenta comme ornant les cheveux d’ébène de Mercédès.

Les événements d’intérêt public qui eurent lieu ensuite sont trop connus des lecteurs pour qu’il soit besoin d’en parler ici. Après avoir passé un temps fort court à San-Salvador, Colomb se rendit dans d’autres îles, conduit par la curiosité, et guidé par ce qu’il apprenait ou croyait apprendre des naturels. Enfin, le 28, il arriva à Cuba. Là, il s’imagina pendant quelque temps avoir découvert le continent, et pendant près d’un mois il côtoya cette île, d’abord au nord-ouest, et ensuite au sud-est. Les nouvelles scènes qui s’offraient aux yeux de nos aventuriers perdirent leur influence en devenant familières, et bientôt les sentiments d’ambition et de cupidité commencèrent à reprendre leur empire sur le cœur de plusieurs de ceux qui avaient été les premiers à promettre une entière soumission à l’amiral lorsque la découverte de la terre eut démontré d’une manière si triomphante la vérité de ses théories et la vanité de leurs craintes. Parmi ceux qui cédèrent le plus vite à influence de leur caractère, se trouva Martin Alonzo Pinzon. Se voyant presque entièrement exclu de la société du jeune comte de Llera, aux yeux duquel il s’aperçut qu’il n’occupait qu’une place très-secondaire, il ne se nourrit plus que d’idées de son importance personnelle, et commença à envier à Colomb une gloire qu’il aurait pu, pensait-il, s’assurer à lui-même. Quelques vives altercations avaient eu lieu entre l’amiral et lui en plus d’une occasion, avant la découverte de la terre ; et il arrivait tous les jours quelque nouvelle cause de refroidissement entre eux.

Il n’entre pas dans le plan de cet ouvrage de décrire tout ce qui se passa pendant que nos aventuriers allaient d’île en île, de port en port, de rivière en rivière. Ils reconnurent bientôt qu’ils avaient fait de très-importantes découvertes, et de jour en jour ils suivaient le cours de leurs recherches, d’après des avis qu’ils comprenaient mal, mais qui, à ce qu’ils s’imaginaient, leur indiquaient des mines d’or. Partout ils trouvaient une nature libérale et riche, des scènes qui fascinaient les yeux, et un climat qui séduisait les sens ; mais ils n’avaient encore trouvé l’homme que dans la plus simple condition de l’état sauvage. La croyance qu’ils étaient dans les Indes était une illusion générale ; et chaque mot, chaque geste des naturels du pays, étaient interprétés comme ayant rapport aux richesses du pays. Tous pensaient que, s’ils n’étaient pas positivement dans le