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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/422

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adressées à l’amiral renfermaient les plus vives instances de venir à la cour sans aucun délai, en même temps que la magnifique promesse des plus grands honneurs. Son nom était dans toutes les bouches, sa gloire remplissait le cœur de tous les vrais Espagnols. Des ordres furent donnés pour les préparatifs d’un nouveau voyage, car l’on ne s’occupait plus que de découvertes, celle qui venait d’être faite devant nécessairement en amener d’autres. Un mois se passa ainsi, et enfin l’amiral arriva à Barcelone, accompagné de la plupart des Indiens qu’il avait ramenés avec lui. Les plus grand honneurs lui furent rendus. Les souverains le reçurent, assis sur leur trône, en audience publique, se levèrent quand il s’approcha, et insistèrent pour qu’il s’assit en leur présence, distinction qui ne s’accordait ordinairement qu’aux princes du sang. L’amiral raconta alors l’histoire de son voyage, montra les curiosités qu’il avait rapportées, et appuya sur les grandes espérances qu’offrait l’avenir. Quand il eut terminé sa relation, tout le monde se mit à genoux, les choristes ordinaires de la cour chantèrent le Te Deum, et Ferdinand lui-même, malgré son caractère impassible, versa des larmes de joie et de reconnaissance en voyant toute la magnificence de cet inattendu présent du ciel.

Colomb fut longtemps le but de tous les regards, et il ne cessa d’être entouré d’honneurs et de marques de considération que lorsqu’il quitta la cour pour prendre le commandement de la seconde expédition, comme on nomma alors ce voyage.

Quelques jours avant l’arrivée de l’amiral à la cour, don Luis de Bobadilla parut tout à coup à Barcelone. Dans un temps ordinaire, l’absence et le retour d’un jeune seigneur de son rang et de son caractère auraient fourni aux courtisans un sujet de conversation longtemps inépuisable ; mais on n’était alors occupé que du grand voyage, ce qui le mit à l’abri des caquets. Cependant sa présence ne pouvait manquer d’être remarquée ; on se disait à l’oreille, avec un sourire moqueur et en levant les épaules, qu’il était arrivé à bord d’une caravelle venant du Levant ; et une des plaisanteries du jour les mieux accueillies était de dire à demi-voix que le jeune comte de Llera avait aussi fait un voyage à l’est. Tout cela n’inquiétait guère notre héros, et on le vit bientôt reprendre son genre de vie ordinaire lorsqu’il était à la cour. Le jour où Colomb fut reçu en audience publique, don Luis était présent, couvert de ses plus riches habits, et nul grand d’Es-