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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/435

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faire partager mon bonheur à tous mes sujets. — Où est votre pupille ?

— À l’instant où Votre Altesse est entrée, elle venait de se retirer pour la nuit dans son appartement. — Je vais lui faire dire de se rendre en votre présence.

— Nous irons la trouver, Béatrix. On n’est jamais fatigué quand on porte de bonnes nouvelles.

— C’est un devoir, et ce serait un plaisir pour elle, Señora, de vous témoigner son respect.

— Je sais cela, marquise ma fille, mais je me fais un plaisir de lui porter moi-même cette nouvelle, dit la reine en s’avançant vers la porte. — Montrez-nous le chemin, vous devez le connaître mieux que personne. Vous voyez que nous marchons avec peu d’apparat et de cérémonie, — semblable à Colomb partant pour explorer ses mers inconnues, — et nous allons porter à votre pupille des nouvelles qui lui seront aussi agréables qu’ont dû l’être pour les habitants païens de Cipango celles que le Génois leur a portées. Ces corridors sont nos mers inconnues, et ces passages compliqués les routes obscures que nous devons explorer.

— Veuille le ciel que Votre Altesse ne fasse pas une découverte aussi étonnante que celle du Génois lui-même ! Quant à moi, je sais à peine si je dois tout croire ou n’ajouter foi à rien.

— Je ne suis pas étonnée de votre surprise, c’est un sentiment que ces événements extraordinaires ont rendu général, répondit la reine qui se méprenait évidemment au sens des paroles de son amie. Mais un autre plaisir nous attend ; celui de voir la joie du cœur pur d’une jeune fille qui a eu ses épreuves, et qui a su les soutenir en chrétienne.

Doña Béatrix soupira, mais ne répondit rien. Elles traversaient alors le petit salon dans lequel Mercédès recevait les dames de sa connaissance, et elles s’avançaient vers la porte de sa chambre, quand une de ses femmes voulut les précéder pour informer sa maîtresse de la visite qu’elle allait recevoir. Mais Isabelle était accoutumée à prendre avec ses amies les mêmes libertés qu’une mère prend avec ses enfants, et ouvrant la porte sans cérémonie, elle se trouva en face de Mercédès avant que celle-ci eût eu le temps de faire un pas à sa rencontre.

— Ma fille, dit la reine en s’asseyant, et en regardant la jeune fille avec un sourire plein de bonté, je viens m’acquitter d’un