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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/460

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— Ce langage paraît être celui de la droiture et de la vérité, Béatrix. Mais vous connaissez le comte mieux que moi, et vous pouvez dire jusqu’à quel point nous devons ajouter foi à ces explications.

— Je réponds sur ma vie que c’est la vérité, ma chère maîtresse ! Luis n’est pas hypocrite, et je me réjouis, — oh ! combien je me réjouis de le voir en état de justifier si pleinement sa conduite ! Ozéma, qui avait entendu parler des formes de nos mariages, et qui a vu notre dévotion pour la croix, s’est trompée sur sa propre position, comme elle s’était trompée sur les sentiments de Luis : elle s’est imaginé être sa femme, mais une fille chrétienne n’aurait jamais pu se tromper si cruellement.

— Tout ceci a réellement une apparence de probabilité, dit la reine ; — mais, n’oubliant pas les égards dus à la délicatesse, pour ne pas dire aux droits de son sexe, elle ajouta : — Cependant cette affaire touche à la délicatesse d’une dame, — d’une princesse, devons-nous dire, — et elle ne doit pas être traitée si ouvertement. Il convient que les explications ultérieures aient lieu exclusivement entre femmes. Señores, je compte sur votre honneur pour qu’il ne soit jamais parlé de tout ce qui vient de se passer ici, pour qu’on n’en fasse jamais un sujet de conversation parmi les hommes, dans les réunions de plaisir ! — Je prends désormais doña Ozéma sous ma garde. Quant à vous, comte de Llera, vous saurez demain quel est notre bon plaisir, relativement à vous et à doña Mercédès.

Isabelle prononça ces mots avec le ton de dignité, non seulement d’une femme, mais d’une reine. Personne ne se permit de répondre. Colomb et don Luis firent les révérences d’usage et se retirèrent.

La reine ne se sépara d’Ozéma qu’à une heure très-avancée. Les scènes que nous avons encore à décrire feront connaître ce qui se passa dans cette entrevue.