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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/475

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porte de la chapelle royale, dans laquelle on avait transporté Ozéma, toujours couchée sur son lit. La marquise jeta un voile blanc sur la tête de Mercédès, et fit à son costume quelques légers changements, par déférence pour l’autel et ses ministres.

Une douzaine de personnes environ avaient été jugées dignes d’assister à cette cérémonie et étaient déjà présentes ; au moment où les deux futurs époux allaient prendre place, Ferdinand entra subitement, tenant encore à la main quelques papiers dont il avait abandonné la lecture pour se rendre aux désirs de sa royale compagne. Le roi avait beaucoup de dignité ; et lorsqu’il le voulait, aucun souverain ne tenait son rang avec plus de grâce et de meilleures manières. Il fit signe à l’archevêque de s’arrêter ; puis, ordonnant à Luis de se mettre à genoux, il jeta sur les épaules du jeune homme le collier d’un de ses ordres, en lui disant :

— Maintenant relève-toi, noble chevalier, et accomplis tes devoirs envers ton maître céleste comme jusqu’ici tu les as accomplis envers nous.

Isabelle remercia son mari de cette grâce par un sourire approbateur, et la cérémonie commença aussitôt. Mercédès et Luis furent unis. Lorsque le service solennel fut terminé, notre héroïne, que Luis pressa avec tendresse sur son cœur, sentit qu’ils se comprenaient, et, dans la plénitude de leur propre bonheur, Ozéma fut oubliée un instant.

Christophe Colomb avait conduit la mariée à l’autel, fonction que le roi lui avait assignée. Ferdinand lui-même s’était tenu à côté de Luis et assez près pour condescendre à toucher le poêle qu’on tenait étendu sur la tête des deux époux. Mais Isabelle était restée à l’écart, auprès du lit d’Ozéma, et veilla sur elle pendant toute la cérémonie. La reine ne pensait pas qu’il fût besoin d’une manifestation publique d’intérêt pour la fiancée, puisqu’elles venaient de mêler leur émotion dans une douce communauté de prières. Les compliments d’usage furent promptement terminés. Don Ferdinand se retira ainsi que tous ceux qui n’étaient pas dans le secret de l’histoire d’Ozéma.

Par un sentiment de délicatesse pour la condition d’une femme étrangère, que ses habitudes et ses opinions avaient investie d’une partie des droits sacrés de la royauté, la reine avait désiré que son mari et quelques personnes de sa suite ne fussent pas témoins du baptême d’Ozéma. Pendant la célébration du mariage, elle avait remarqué avec quelle constance la jeune fille à demi