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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 21, 1844.djvu/388

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férents points, afin d’éviter le retour d’une catastrophe qui avait été occasionnée par la concentration de leurs forces. Il fut donc décidé que Mac Bean attaquerait la felouque, O’Leary le lougre, et les autres canots l’îlot aux ruines. Sir Frédéric resta sur son gig, afin de pouvoir se porter sur le point qui pourrait réclamer sa présence.

Mac Bean fut le premier qui fit feu. Sa caronade était chargée à boulet. Il la pointa lui-même avec le plus grand soin, et alluma l’amorce de sa propre main. Le boulet frappa une des deux caronades de la felouque, l’arracha de dessus son affût, et la fit tomber dans la cale, tandis que les fragments de l’affût brisé blessèrent plus ou moins dangereusement plusieurs matelots. Un début si favorable pour les Anglais, et dont le résultat put être vu par tous les équipages, les encouragea, et ils poussèrent trois bruyantes acclamations de joie. Ithuel en fut si déconcerté, qu’il tira sa seconde caronade, chargée à mitraille comme la première fois, avec trop de précipitation. La mer fut couverte d’écume à quelques brasses de la chaloupe de Mac Bean, mais pas un seul homme ne fut blessé. Le feu devint alors général ; les coups de canon se succédaient rapidement, et le bruit de la mousqueterie remplissait les intervalles. Pendant ce temps les canots faisaient force de rames pour arriver aux ruines, et avançaient avec impunité, ce qui arrive assez souvent, quoiqu’il soit difficile d’en expliquer la cause. Plusieurs boulets tombèrent dans les ruines, faisant voler en éclats les pierres qu’ils frappaient ; et pendant une ou deux minutes, les maux de la guerre ne se firent sentir qu’aux Français. Mais Pintard et Ithuel savaient qu’ils étaient protégés par des rochers à fleur d’eau, et ils firent feu en même temps. L’Américain fut celui qui réussit le mieux. Il paya Mac Bean en sa propre monnaie en faisant tomber sur l’avant de son embarcation une grêle de balles, qui avertit le prudent Écossais de la nécessité de changer de route et d’aller rejoindre les canots qui touchaient déjà à l’îlot. L’assaillant de Pintard se trouvant arrêté par la barrière de rochers, prit le même parti ; et alors, au milieu de la fumée, des cris, des imprécations et du bruit de l’artillerie, tous les Anglais se précipitèrent en masse sur le principal poste, et se rendirent maîtres de la batterie en un clin d’œil.